Esquisse d’une philosophiepar M. F. LamennaisJules SimonRevue des Deux Mondes4ème série, tome 25, 1841Esquisse d’une philosophieC’est une périlleuse entreprise aujourd’hui plus que jamais, que de construire unsystème complet de philosophie. Dans une époque de grande civilisation, commela nôtre, il y a tant d’idées en circulation, tant de questions à résoudre, qu’on ne peutguère se proposer de répondre à tout, et de tout renfermer dans un système. Lacuriosité de chaque siècle laisse à la postérité moins d’anciens problèmes résolusque de problèmes nouveaux à discuter. Il faut donc subir la loi de notre faiblesse ; ilfaut choisir, ou de tracer un plan général et d’en asseoir fortement les bases, ou des’isoler dans de patientes recherches sur un objet spécial, pour apporter ensuitecette obole à l’œuvre commune.Au commencement d’une civilisation, quand la curiosité humaine n’est éveillée qued’hier, c’est l’age d’or des systèmes. C’est ainsi que l’on voit, dans les premierstemps de la philosophie grecque, toute une famille de penseurs qui viennent,chacun à son tour, avec une confiance admirable, proposer sur la nature deschoses une explication universelle, toujours différente il est vrai, mais toujoursdéfinitive. Plus tard, et lorsque l’esprit grec se fut doublement éprouvé à l’école deSocrate et à celle de l’expérience et du temps, sa hardiesse ne parut pas affaiblie ;et pour ne citer qu’un nom, Aristote put sans témérité, de cette même main quiélevait ...
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