Discours sur la nécessité d'admettre des étrangersdans les sociétés littérairesMarquis d'ArgensonHistoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746),p. 425-435DISCOURSSUR LA NECESSITÉ D'ADMETTREDES ETRANGERS DANS LES SOCIETÉS LITTERAIRES,par Mr. le Marquis D'ARGENSONMessieursAvant que de vous faire la lecture d'un Ouvrage que j'ai composé, sans savoir encore que j'aurois le bonheur d'etre admis dansvotre Compagnie, permettez moi de vous remercier de cette faveur, qui me pénétre de la plus vive reconnoissance. L'estime dubienfait est la mesure des sentimens qu'il inspire. Jugez donc de ma sensibilité par mon admiration pour l'Academie, pour laforme qu'elle a reçu d'un grand Roi, pour la solidité & l'utilité des ouvrages qu'elle a dejà produit, & pour le merite de sesMembres, parmi lesquels elle compte les plus grands hommes. Cette admiration étoit d'abord en moi degagée de tout interêtpersonnel, je vous rendois la justice qui vous est duë, seulement parce qu'elle vous est duë, & si j'y sentois quelque plaisir, c'etoiscelui que mon gout pour les Sciences & les Lettres m'oblige de ressentir, quand je les vois etendre leur Empire, & se préparer partout de nouveaux Triomphes. Mais vous m'avez imposé de nouvelles obligations, j'emporte dans ma patrie le titre de votreAssocié, & sans rien perdre des sentimens d'estime & d'admiration que tout etranger vous doit, j'ose y joindre ceux del'Academicien le plus attaché à sa compagnie, & vous ...
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