Discours de réception à l'Académie françaisede Jean-Jacques Dortous de MairanDiscours de réception à l’Académie françaiseAnonymeJean-Jacques Dortous de MairanPrononcé le 7 mars 1743Messieurs,L’idée que j’ai conçue des occupations de cette Académie, et du mérite de ceuxqui la composent, me fait sentir vivement combien il est glorieux d’être admis parmivous.Je ne regarde pas seulement l’Académie Françoise, comme une compagnied’hommes éloquens, d’excellens poètes et d’ingénieux écrivains, particulièrementoccupés à cultiver, à maintenir dans toute sa pureté une langue qui, par la noblesseet par la clarté de ses expressions, aussi bien que par ses graces, a porté laréputations du nom François au-delà même des bornes où les héros de la nationl’avoient portée par leurs conquêtes. Je considère principalement aujourd’hui,Messieurs, tout ce que ses qualités et vos travaux supposent de lumières, etcomment les unes et les autres se lient ensemble et concourent au même objet.Que devient en effet le talent de la parole, si on le sépare des connoissances quidoivent l’exercer, et qu’à son tour il doit animer et embellir ? Où le trouver sanselles ? Seroit-ce parmi les plus fameux orateurs, ou chez les plus grands poètes del’antiquité ? Mais leurs ouvrages sont enrichis des connoissances les plusprécieuses de leur siècle, tant historiques que philosophiques et naturelles. Seroit-ce parmi les orateurs et les poètes modernes qui se sont le plus signalés ? Ils ...
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