Discours de réception à l'Académie françaisede Jean-François de Saint-LambertDiscours de réception à l’Académie françaiseAnonymeJean-François de Saint-LambertPrononcé le 23 juin 1770Messieurs,Les hommes dont les ouvrages honorent la Nation, enlèvent vos suffrages ; maisvous les accordez quelquefois à ceux qui savent sentir et admirer les vrais talens ;vous leur savez gré du choix de leurs études, et vous leur pardonnez de ne pasétendre la carrière des arts, lorsqu’ils y suivent la route de nos grands maîtres. Vousrecevez aujourd’hui leur disciple et le vôtre ; mais un titre qui m’est plus cher a réunipour moi vos suffrages ; c’est l’amitié qui me lie à plusieurs d’entre vous, et ce titreméritoit d’être compté.Les hommes célèbres seroient à plaindre, s’ils n’étoient consolés par l’amitié, descritiques qui les calomnient, et des louanges qui les rabaissent. L’ami qui s’associeà leurs peines, qui leur fait prévoir et sentir la gloire, qui les excite à faire denouveaux présens au siècle qu’ils enrichissent, peut mériter de partager leurshonneurs.M. l’abbé Trublet fut digne par ses ouvrages d’être admis dans une sociétécomposée d’hommes illustres ; mais en l’honorant de votre choix, vousrécompensiez en lui l’homme de mérite et l’ami de M. de Fontenelle. Avec un espritfin, pénétrant, exact, M. l’abbé Trublet observoit le caractère, l’esprit, le goût, le tonde son siècle : Ce talent rare est nécessaire pour avancer la philosophie desmœurs ; il faut des ...
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