Discours de réception à l'Académie françaisede Étienne Bonnot de CondillacDiscours de réception à l’Académie françaiseAnonymeÉtienne Bonnot de CondillacPrononcé le 22 décembre 1768Messieurs,Je ne me fais point d’illusion, c’est à votre indulgence que je dois l’honneur deprendre place parmi vous. Quoique vivement touché de ce bienfait, je ne chercheraipas à vous en témoigner ma reconnoissance ; l’expression en paroîtroit bien foible,dans une circonstance et dans un lieu où l’éloquence a coutume de vous présenterun hommage digne de vous. Il sera de ma part plus prudent de ne pas me hasarderau-delà des bornes que me prescrit mon genre d’études.Après avoir essayé de faire l’analyse des facultés de l’ame, j’ai tenté de suivrel’esprit humain dans ses progrès. D’un côté j’ai observé ces temps de barbarie, oùune ignorance stupide et superstitieuse couvroit toute l’Europe ; et de l’autre, j’aiobservé les circonstances qui, dissipant l’ignorance et la superstition, ont concouruà la renaissance des lettres : deux choses qui s’éclairent mutuellement, lorsqu’onles rapproche. Permettez-moi, Messieurs, de vous communiquer quelquesréflexions sur ce sujet, et de vous offrir un développement dont le dernier terme estla gloire des Académiciens.Les peuples chez qui l’histoire montre des vertus dirigées par les lois, sont ceux quis’agrandissent par degrés, et qui, conduits seulement par les circonstances,apprennent de l’expérience à se gouverner. L’ignorance d’une ...
Voir