TertullienÉdité par P. De Labriolle, Paris: A. Picard et fils (1906)I. [1] Dans la pénitence, cette espèce d'hommes dont nous avons été nous-mêmesautrefois, gens aveugles, privés de la lumière du Seigneur, ne voient, d'après lesseules indications de la nature, qu'un sentiment pénible de l'âme qui naît du regretd'une décision antérieure.[2] Au surplus, ils sont aussi loin d'en avoir une notion raisonnable qu'ils sont loin del'auteur même de la raison. La raison est en effet la chose de Dieu : il n'est rien queDieu, créateur de toutes choses, n'ait réglé d'avance, n'ait disposé, n'ait ordonnérationnellement, rien qui ne doive, selon sa volonté, être traité et comprisrationnellement. [3] Donc il faut bien que tous ceux qui ignorent Dieu, ignorent aussila chose de Dieu, vu qu'aucun trésor n'est jamais ouvert aux étrangers. Aussi,naviguant à travers la vie entière sans le gouvernail de la raison, ils ne savent éviterla tempête qui est suspendue au-dessus du siècle. [4] Combien déraisonnable estleur pratique en matière de pénitence, ce fait seul suffira à le montrer, qu'ilsl'appliquent même à leurs bonnes actions. Ils se repentent de leur fidélité, de leurcharité, de leur bonne foi, de leur patience, de leur pitié, dès que ces vertus se sont|p5 employées pour un ingrat. [5] Ils se maudissent eux-mêmes d'avoir fait le bien,et c'est surtout cette forme de pénitence, à propos des actes les plus louables,qu'ils impriment dans leur cœur : ils se souviennent ...
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