De la littérature des ouvriersEugène LerminierRevue des Deux Mondes4ème série, tome 28, 1841De la littérature des ouvriers« Le peuple, sous bien des rapports, dit un écrivain démocrate, le peuple au moins[1]tel qu'on le fait ne sort guère de l'enfance . Il y a effectivement entre l'état moral del'enfant et celui du peuple de frappantes analogies. Dans l'un et dans l'autre, laraison ne jette que des lueurs indécises et courtes ; dans l'un et dans l'autre, l'esprit,comme un sol vierge, attend les impressions, les images et les idées qui endétermineront le caractère et la force. Avec quels soins la tendre vigilance d'unemère et d'un père doit cultiver et diriger les premiers développemens d'uneintelligence enfantine ! A ce moment de la vie tout a son importance ; ce qu'on metdans la tête et dans l'ame d'un enfant décidera plus tard de sa destinée : pesez vosparoles et méditez vos leçons, car elles renferment l'avenir d'un homme. Nous neconnaissons rien de plus respectable et de plus sacré que les efforts sincères dupeuple pour s'élever à la vie morale. Quand un artisan, après avoir demandé àl'industrieuse activité de ses bras le pain de chaque jour, dispute soit au sommeil,soit à des distractions grossières, quelques instans pour acquérir desconnaissances qui doivent à la fois lui ouvrir l'esprit et de nouveaux moyens detravail et de bien-être, on ne saurait accorder trop d'estime à cette initiationlaborieuse et volontaire.C'est surtout depuis 1830 ...
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