De la Couronne du soldatTertullienÉdité par M. Charpentier, Paris (1844)I. Ces jours passés, les très-excellents empereurs ont fait largesse. Les soldats,dans le camp, couronnés de lauriers, étaient pointés sur le registre lorsqu’ils larecevaient. Parmi ceux-là il s’en trouva un, plus soldat de Dieu que les autres, lequeld’une âme ferme et assurée, au dessus de tous ses compagnons, ayant en lacroyance de ne pouvoir servir deux maîtres, avait seul la tête nue, tenant lacouronne inutile dans sa main. Cette discipline et façon des chrétiens commençaitdès lors à se manifester et reluire. Chacun le remarque de loin, s’en moque deprès, gronde contre lui. Aussitôt voilà un murmure. On le défère au colonel. Commeil se présente en son rang : « Pourquoi, dit le colonel, es-tu différent des autres ? »— « Il ne me convient pas, dit-il, d’être équipé comme eux. » Étant interrogé de lasorte, il répond : « Je suis chrétien. » Oh ! le brave soldat qui ne se glorifie qu’enDieu ! On délibère sur ce. Le procès lui est fait, et le criminel comparaît devant lechef de l’armée. Sur-le-champ il commence à se dépouiller, laisse son pesantmanteau, quitte sa chaussure gênante, marche pieds nus sur la terre sainte, rendson épée non nécessaire à la défense du Seigneur, ayant sa couronne dans samain, laquelle fut vue de tous. Maintenant tout rouge de son sang, pleind’espérance, ceint la parure de l’Évangile et de la tranchante parole du Seigneur,tout armé de pied en cap des armes ...
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