La Revue de Paris, Année 8, Tome 5, 1er octobre 1901Félix Le DantecDarwinDarwin (Le Dantec)Lamarck, dès le début du XIXe siècle, avait enseigné que les espèces aujourd’huivivantes descendent d’espèces différentes ayant vécu antérieurement et dont laplupart ont disparu ; il avait même énoncé deux principes admirables au moyendesquels on pouvait comprendre simplement le mécanisme de révolutionprogressive des êtres. Une pléiade de savants illustres avait adopté la théorie deLamarck et, de l’autre côté du Rhin, Goethe applaudissait aux efforts de la jeuneécole transformiste. Mais le moment n’était pas venu ; la p r e u v e du transformismene pouvait pas encore être donnée d’une manière assez frappante : l’autorité deCuvier étouffa dans le germe cette nouveauté dangereuse et l’enterra si bien qu’onput la croire définitivement éliminée de la science. C’est en 1859 seulement que lelivre de Darwin la fit sortir du tombeau ; elle eut une renaissance si brillante que l’onoublia facilement les efforts des Lamarck et des Saint-Hilaire et que l’on considérala théorie nouvelle comme fille de Darwin ; cependant l’illustre naturaliste anglaisn’en était que le père adoptif, mais un père adoptif capable de donner, pourtoujours, à une enfant moralement abandonnée, droit de cité dans le domainescientifique.Il y a dans l’œuvre de Darwin deux parties très distinctes, qui méritent d’êtreétudiées à part, bien qu’elles soient étroitement mêlées dans son livre. La premièreet ...
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