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19
EAN13
9782824712475
Licence :
Libre de droits
Langue
Français
REN É BAZI N
CON T ES DE BON N E
P ERRET T E
BI BEBO O KREN É BAZI N
CON T ES DE BON N E
P ERRET T E
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1247-5
BI BEBO OK
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Sour ces :
– Bibliothè que Éle ctr onique du éb e c
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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Je l’ai eu avant v ous. Et j’ en ai joui plus libr ement et plus plei-E nement que d’autr es, ayant eu cee chance de p asser une p artie
de ma pr emièr e jeunesse à la camp agne . Je travaillais assez p eu le D e
viris illustribus, mais j’appr enais ce qui ne s’ enseigne p as : à v oir le monde
indéfini des choses et à l’é couter viv r e . A u lieu d’av oir p our horizon les
mur s d’une classe ou d’une cour , j’avais les b ois, les prés, le ciel qui chang e
av e c les heur es, et l’ e au d’une mince rivièr e qui chang e ait av e c lui. Mes
amis s’app elaient le br ouillard, le soleil, le crépuscule , où la p eur v ous suit
dans v otr e ombr e ; les fleur s, dont je savais les dy nasties mieux que celles
des r ois d’Ég y pte ; les oise aux, qui ont leur nom é crit dans le mouv ement
de leur v ol ; les g ens de la ter r e , qui sont des silencieux pleins de se cr ets.
Je me rapp elle qu’à certains jour s mon âme déb ordait de joie , et qu’ elle
était alor s si légèr e , qu’ elle me p araissait prête à s’é chapp er et à se fondr e
dans l’ esp ace . Je faisais ma moisson sans le sav oir . D epuis, j’ai r e connu
que la richesse d’impr essions amassé e en ce temps-là est une pr o vision
qui dur e .
A vant de dir e les contes de b onne Per r ee qui ont b er cé cee
enfance heur euse , j’ai donc p ensé que je de v ais e xpliquer en quel milieu ces
1Contes de b onne Per r e e Chapitr e
histoir es m’ ont été apprises, av e c quel esprit disp osé à l’av entur e je les
é coutais et les r etenais ; quelle fut l’humble femme qui me les ré cita.
Elle ne les inv entait sûr ement p as. D e qui les tenait-elle ? Du p euple
où la sour ce de la lég ende , plus ou moins pur e , plus ou moins ab ondante
selon les temps, n’a jamais cessé de couler ? D e quelque p oète ou savant
chez le quel elle aurait ser vi avant d’ entr er dans notr e maison ? N’y ai-je
rien ajouté moi-même , au moins dans le détail ? À quoi b on appr ofondir
ces choses ? J’ en serais au sur plus incap able , n’ayant jamais bien su où
finit le souv enir et où commence le rê v e .
J’aime mieux v ous dir e , enfants, qu’il m’a été doux d’é crir e ce liv r e
à cause de v ous, de v otr e sy mp athie si vite donné e , de v otr e aention
rapide , de v otr e âme tout ouv erte , et aussi p our l’émotion de ce r etour
que nous qui vieillissons, p our suivis p ar la meute gr ossissante des jour s,
nous faisons v er s notr e enfance , liè v r es chassés, qui r e v enons au gîte .
R. B.
n
2Pr emièr e p artie
Souv enir s d’enfant
3CHAP I T RE I
Le p euplier
que j’avais une douzaine d’anné es, mon frèr e en avait
dix. Nous vivions un p eu plus que les vacances réglementair esI à la camp agne , les mé de cins ayant dé claré que je viv rais
seulement à cee condition ; et nous étions grands dénicheur s de nids, grands
chasseur s à la sarbacane , assoiffés d’av entur es et le cteur s convaincus de
May ne-Reid et de Gustav e Aimard.
Dès le matin, de b onne heur e , quand l’herb e est lourde de r osé e et
que les oise aux sont en é v eil, cher chant les graines, piquant les mouches,
grimp ant aux tr oncs des arbr es, nous courions le v er nos pièg es ou bien
les cordé es tendues aux endr oits cr eux de la rivièr e . Nous savions r e
connaîtr e , à la façon dont le b ouchon d’une ligne se trémoussait, filait en
avant ou plong e ait, la mor sur e du g oujon, de l’ablee ou de la car p e ; un
liè v r e ne gîtait p as dans les envir ons, un loriot ne faisait p as son nid, un
oison ne se pr enait p as p ar le cou entr e les bar r es d’une clair e v oie , sans
que nous en eussions connaissance . Nous avions, comme les trapp eur s,
l’4Contes de b onne Per r e e Chapitr e I
habitude de la file indienne , des cabanes dans les chênes, des signes muets
ou des cris de bêtes sauvag es p our nous r e connaîtr e à distance , des pr
ovisions d’ outils dans le v entr e des vieilles souches. Je dois av ouer cep
endant que nos outils n’étaient p as d’une grande variété , et qu’à l’ e x
ception de deux hacher e aux de fer p our les e xp é ditions lointaines, c’étaient
surtout des b outs de fer r ouillés, de la ficelle et des balles de plomb
donné es p ar les seigneur s. Le soir , quand il n’y avait plus de jour du tout,
faute de mieux, nous lisions. L’ e x cellente comtesse de Ségur , à laquelle
je suis r e v enu depuis, nous semblait un p eu r ose , comme sa colle ction. Il
nous fallait du drame . Jules V er ne commençait à p eine à tailler sa plume ;
mais nous avions les Chasseur s d’ our s, les V acances des jeunes Bo er s, la
Guer r e aux bisons, les Enfants de la prairie , et je savais p ar cœur , dans
Gérard le T ueur de lions, l’ap ostr ophe qui r emuait mon cœur : « Disciples
de Saint-Hub ert, mes frèr es, c’ est à v ous que je m’adr esse . V ous v o y
ezv ous en pleine forêt, la nuit, deb out contr e un g aulis d’ où s’é chapp ent des
r ugissements cap ables de couv rir le br uit du tonner r e ? »
Oui, oui, je me v o yais deb out le long du g aulis, et je frémissais de la
tête aux pie ds.
Le lendemain je tr ouvais que le théâtr e habituel de nos cour ses n’
offrait p as assez de dang er s, puisqu’ on n’y r encontrait ni lions, ni bisons, ni
tr oup e aux de p é caris fouillant de leur s dents blanches les racines d’un p
etit chêne-lièg e où le chasseur s’ est réfugié , et nous r eg ardions av e c envie ,
mon frèr e et moi, les lointains bleus.
’y avait-il dans les lointains bleus ?
Un jour , un des p lus longs de l’anné e , nous nous étions fait ré v eiller
à cinq heur es du matin p ar une vieille domestique indulg ente à nos
fantaisies. Dès la v eille , nous avions rang é sur un