Variétés historiques et littéraires, Tome VIIIConference d’Antitus, Panurge et Gueridon.16141Conference d’Antitus, Panurge et Gueridon .s. l. n. d. In-8.Ant. En bonne foy, nous voylà bien. Si la guerre dure encore quelque sepmaine,nous sommes tous à la besasse, voire à la faim, et pour cela il n’en faut pas aler audevin. On ne faisoit que se remettre un peu des maux et desolations qu’avoientaporté les guerres civiles, et nous voilà pis que jamais. Toute ma ferme a estéraflée. Les veaux, les moutons, les aigneaux de mon fermier, son blé, son vin, en ontpaty. Par S. Jean le bon S., ces mangeurs de cul de poule ont fait gorge chaude detout. Ô ! qu’on dit bien vray que les chevaux qui labourent l’avoine ne la mangentpas ! C’estoit tout le vaillant de mon fermier, et sa femme trouvoit par son calcul quepar ce moyen il pouvoit s’avancer pour estre quelque jour un gentil homme de sonvilage. En ce temps de rumeurs et de confusion que tout le monde s’avance auxhonneurs, hé ! pouvoit-il pas bien esperer ce grade ? Voicy le compère Panurge. Etbon jour !Pan. Monsieur mon amy, vous ne sçavés pas les grosses nouvelles etmalheureuses. Toute ma ferme a esté gaulée, on n’y a rien laissé jusques à unepoule. Tout fut empieté en ma presence et mangé par ces epicuriens zelateurs2transcendans de la picorée .Ant. Je vous en dis de mesme, tout fut pris et emmené ; ils dirent à mon fermierNicolas qu’ils le contenteroient jusques à une maille à la premiere monstre ...
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