Alphonse de Lamartine — Recueillements poétiquesToast porté dans un banquet national des Gallois et des Bretons,[1]à Abergavenny, dans le pays de Galles Quand ils se rencontraient sur la vague ou la grève,En souvenir vivant d’un antique départ,Nos pères se montraient les deux moitiés d’un glaiveDont chacun d’eux gardait la symbolique part :« Frère ! se disaient-ils, reconnais-tu la lame ?Est-ce bien là l’éclair, l’eau, la trempe et le fil ?Et l’acier qu’a fondu le même jet de flammeFibre à fibre se rejoint-il ? »Et nous, nous vous disons : « O fils des mêmes plages !Nous sommes un tronçon de ce glaive vainqueur ;Regardez-nous aux yeux, aux cheveux, aux visages :Mous reconnaissez-vous à la trempe du cœur ?...N’est-ce pas cet œil bleu comme la mer profondeQui brise entre nos caps sur des écueils pareils,Où notre ciel brumeux réfléchit dans son ondePlus de foudres que de soleils ?« Le vent ne fait-il pas battre sur vos épaulesAu branle de vos pas ces forêts de cheveux,Crinière aux nœuds dorés du vieux lion des Gaules,Où le soleil sanglant fait ondoyer ses feux ?Ne résonnent-ils pas au souffle des tempêtes,Comme ce crin épars par les lances porté,Étendards naturels que font flotter nos têtesSur les clans de la liberté ?« De nos robustes mains quand la paume vous serre.Ce langage muet n’est-il pas un sermentQui jure l’amitié, l’alliance ou la guerre,Que nul revers ne lasse et nul jour ne dément ?Nos langues, où le bruit de nos grèves domine ...
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