VoltaireLettre sur les panégyriquesŒuvres complètes de Voltaire, tome 26LETTRESUR LES PANÉGYRIQUESPAR IRÉNÉE ALETHÈS,professeur en droit dans le canton d’Uri[1](1767 )____________Vous avez raison, monsieur, de vous défier des panégyriques : ils sont presquetous composés par des sujets qui flattent un maître, ou, ce qui est pis encore, pardes petits qui présentent à un grand un encens prodigué avec bassesse et reçuavec dédain.Je suis toujours étonné que le consul Pline, digne ami de Trajan, ait eu la patiencede le louer pendant trois heures, et Trajan celle de l’entendre. On dit, pour excuserl’un et l’autre, que Pline supprima, pour la commodité des auditeurs, une grandepartie de son énorme discours ; mais s’il en épargna la moitié à l’audience, il étaitencore trop long d’un quart.Une seule chose me réconcilie avec ce panégyrique, c’est qu’étant prononcédevant le sénat et devant les principaux chevaliers romains, en l’honneur d’un princequi regardait leurs suffrages comme sa plus noble récompense, ce discours étaitdevenu une espèce de traité entre la république et l’empereur. Pline, en louantTrajan d’avoir été laborieux, équitable, humain, bienfaisant, l’engageait à l’êtretoujours, et Trajan justifia Pline le reste de sa vie. Eusèbe de Césarée voulut, deuxsiècles après, faire dans une église, en faveur de Constantin, ce que Pline avait faiten faveur de Trajan dans le Capitole. Je ne sais si le héros d’Eusèbe estcomparable en rien à celui de Pline ...
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