Odes et BalladesLe sacre de Charles XVictor HugoIL'orgueil depuis trente ans est l'erreur de la terre.C'est lui qui sous les droits étouffa le devoir ;C'est lui qui dépouilla de son divin mystèreLe sanctuaire du pouvoir.L'orgueil enfanta seul nos fureurs téméraires,Et ces lois dont tant de nos frèresOnt subi l'arrêt criminel,Et ces règnes sanglants, et ces hideuses fêtes,Où, sur un échafaud se proclamant prophètes,Des bourreaux créaient l'Eternel !En vain, pour dissiper cette ingrate folie,Les leçons du Seigneur sur nous ont éclaté ;Dans les faits merveilleux que notre siècle oublie,En vain Dieu s'est manifesté ;En vain un conquérant, aux ailes enflammées,A rempli du bruit des arméesLe monde en ses fers engourdi ;Des peuples obstinés l'aveuglement vulgaireN'a point vu quelle main poussait ses chars de guerreDu septentrion au midi !IIQui jamais de Clovis surpassa l'insolence,Peuples ? dans son orgueil il plaçait son appui.Ne mettant que le monde et lui dans la balance,Il crut qu'elle penchait sous lui.Il bravait de vingt rois les armes épuisées ;Des nations s'étaient briséesSur ce Sicambre audacieux ;Sur la terre à ses yeux rien n'était redoutable ;Il fallut, pour courber cette tête indomptable,Qu'une colombe vînt des cieux !Peuples ! au même autel elle est redescendue !Elle vient, échappée aux profanations,Comme elle a de Clovis fléchi l'âme éperdue,Vaincre l'orgueil des nations.Que le siècle à son tour comme un roi s'humilie.De la ...
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