George CrolyTraduction de Charles BaudelaireLe Jeune Enchanteur (The Young Enchanter)1846 (Édition de 1869)LE[1]JEUNE ENCHANTEUR HISTOIRE TIRÉE D’UN PALIMPSESTEDE POMPEÏAPendant les fouilles faites en présence du roi de Naples, lors de la restauration de1815, on trouva dans une des chambres de la maison d’Actéon une grande fresqued’une beauté très-particulière, qui représentait un groupe de nymphes dont les yeuxétaient tournés vers la figure principale. Derrière celle-ci, un jeune Amour, penchégalamment à son oreille, avait l’air de lui chuchoter quelque mystère. La grâceexquise des formes, le geste vif et empressé du petit chuchoteur, l’aimabletournure des nymphes, et même le singulier éclat des couleurs que dix-sept sièclesau moins avaient respecté, attiraient les yeux de tous les artistes et de tous lesconnaisseurs. Naturellement l’imagination italienne se mit bientôt en quête detrouver une explication et un historique à cet incomparable morceau. Chaque jourdonnait naissance à quelque nouvelle interprétation, mais le caractère essentiel dela probabilité manquait à toutes également.Cependant l’histoire de la fresque mystérieuse n’était pas destinée à être un secretéternel. Dans les premiers mois de l’année 1836, un de ces papyrus, qui sontmaintenant soumis à un excellent procédé de déroulement inventé par le chevalierCollini de Naples, fut ouvert, et laissa voir aux yeux surpris la fresque — enminiature, — en tête de la première partie du ...
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