Alphonse de Lamartine — Nouvelles méditations poétiquesMéditation dix-huitièmeL’Apparition de l’ombre de Samuel à SaülFragment dramatiqueSaül, La Pythonisse d’EndorSaül, seul.Peut-être... Puisqu’enfin je puis le consulter,Le Ciel peut-être, est las de me persécuter?A mes yeux dessillés la vérité va luire :Mais au livre du sort, ô Dieu! que vont-ils lire?...De ce livre fatal qui s’explique trop tôt,Chaque jour, chaque instant, hélas! révèle un mot.Pourquoi donc devancer le temps qui nous l’apporte?Pourquoi, dans cet abîme, avant l’heure...? N’importeC’est trop, c’est trop longtemps attendre dans la nuitLes invisibles coups du bras qui me poursuit!J’aime mieux, déroulant la trame infortunée,Y lire; d’un seul trait, toute ma destinée!(La Pythonisse d’Endor entre sur la scène.)Est-ce toi qui, portant l’avenir dans ton sein,Viens, au roi d’Israël , annoncer son destin?La PythonisseC’est moi.SaülQui donc es-tu?La PythonisseLa voix du Dieu suprême.SaülTremble de me tromper!La PythonisseSaül, tremble toi-même!SaülEh bien! qu’apportes-tu?La PythonisseTon arrêt!SaülParle.La PythonisseO ciel!Pourquoi m’as-tu choisie entre tout Israël?Mon coeur est faible, ô Ciel! et mon sexe est timide.Choisis, pour ton organe, un sein plus intrépide;Pour annoncer au roi tes divines fureurs,Qui suis-je?Saül, étonnéEh quoi! tu trembles et tu verses des pleurs!Quoi! ministre du Ciel, tu n’es plus qu’une femme!La PythonisseDétruis donc, ô mon Dieu, la ...
Voir