Alphonse de Lamartine — Harmonies poétiques et religieusesLivre premierHymne du soir dans les templesÀ Madame la Princesse Aldobrangini BorghèseSalut, ô sacrés tabernacles,Où tu descends, Seigneur, à la voix d'un mortel!Salut, mystérieux autel,Où la foi vient chercher et sou pain immortelEt tes silencieux oracles!Quand la dernière heure des joursÀ gémi dans tes vastes tours,Quand son dernier rayon fuit et meurt dans le dame;Quand la veuve, tenant son enfant par la main,A pleuré sur la pierre, et repris son cheminComme un silencieux fantôme ;Quand de l'orgue lointain l'insensible soupirAvec le jour aussi semble enfin s'assoupir,Pour s'éveiller avec l'aurore ;Que la nef est déserte, et que, d'un pas tardif,Aux lampes du saint lieu le lévite attentifA peine la traverse encore,Voici l'heure où je viens, à la chute des jours,Me glisser sous ta voûte obscure,Et chercher, au moment où s'endort la nature,Celui qui veille toujours!Vous qui voilez les saints asilesOù mes yeux n'osent pénétrer,Au pied de vos troncs immobiles,Colonnes, je viens soupirer.Versez sur moi, versez vos ombres ;Rendez les ténèbres plus sombresEt le silence plus épais !Forêts de marbre et de porphyre,L'air qu'à vos pieds l'âme respireEst plein de mystère et de paix.Que l'amour et l'inquiétude,Égarant leurs ennuis secrets,Cherchent l'ombre et la solitudeSous les verts abris des forêts!O ténèbres du sanctuaire,L'œil religieux vous préfèreAu bois par la brise agité ...
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