Alphonse de Lamartine — Recueillements poétiquesFragment biblique MICOL, JONATHAS.MICOL, dans l’obscurité, sans voir Jonathan.Lastre des nuits à peine a fini sa carrière,Et déjà le sommeil a fui de ma paupière !O nuit ! ô doux sommeil ! tout ressent vos bienfaits !Hélas ! et mes yeux seuls ne les goûtent jamais !(Elle tombe à genoux près de l’arche.)Toi que j’invoque en vain, toi dont la main puissanteA semé de ces feux la voûte éblouissante,Toi de qui la parole a formé les humainsPour servir de jouet à tes divines mains,O Dieu ! si de ce trône ardent, inaccessible,Où se cache à nos yeux ta majesté terrible,Tu daignes abaisser tes regards jusqu’à nous,Vois une amante en pleurs tombant à tes genoux !Vois ce cœur déchiré qui tremble et qui t’imploreAu pied du tabernacle où tu veux qu’on t’adore,T'offrir, sans se lasser de tes cruels refus,Des vœux toujours soumis et jamais entendus !Vois en pitié ce peuple accablé de misère,Vois en pitié ce roi que poursuit ta colère !A ce peuple abattu rends ta gloire, Seigneur !Rends ta force à Saûl, et David à mon cœur !(Elle se relève.)Quoi ! le ciel aurait-il écouté ma prière ?Ma prière a rendu ma douleur moins amère !Il semble qu’en mon cœur une invisible mainVerse un baume inconnu qui rafraîchit mon sein !Quel pouvoir assoupit le feu qui me dévore ?Est-ce un premier regard de ce Dieu que j’implore ?Est-ce un rayon d’espoir qui descend dans mon cœur ?Mais pour moi l’espérance, hélas ! n’est qu’une ...
Voir