Fables (La Fontaine) orthographe modernisée/Livre I/10

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LE LOUP ET L’AGNEAU Le Loup & l’Agneau.La raison du plus fort est toujours la meilleure. La raiſon du plus fort eſt toûjours la meilleure.Nous l’allons montrer tout à l’heure. Nous l’allons montrer tout à l’heure.Un ...
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LE LOUP ET L’AGNEAU
La raison du plus fort est toujours la meilleure. Nous l’allons montrer tout à l’heure. Un Agneau se désaltérait Dans le courant d’une onde pure. Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure, Et que la faim en ces lieux attirait. Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? Dit cet animal plein de rage : Tu seras châtié de ta témérité. Sire, répond l’Agneau, que votre Majesté Ne se mette pas en colère ; Mais plutôt qu’elle considère Que je me vas désaltérant Dans le courant, Plus de vingt pas au-dessous d’elle ; Et que par conséquent en aucune façon Je ne puis troubler sa boisson. Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l’an passé. Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ? Reprit l’Agneau, je tette encore ma mère, Si ce n’est toi, c’est donc ton frère : Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens : Car vous ne m’épargnez guère, Vous, vos bergers, et vos chiens. On me l’a dit : il faut que je me venge. Là-dessus au fond des forêts Le Loup l’emporte, et puis le mange, Sans autre forme de procès.
Fables de La Fontaine : Barbin & Thierry | Georges Couton
Le Loup & l’Agneau.
La raiſon du plus fort eſt toûjours la meilleure.  Nousl’allons montrer tout à l’heure.  UnAgneau ſe deſalteroit  Dansle courant d’une onde pure. Un Loup ſurvient à jeun qui cherchoit avanture, Et que la faim en ces lieux attiroit. Qui te rend ſi hardi de troubler mon breuvage ?  Ditcet animal plein de rage :  Tuſeras châtié de ta temerité. Sire, répond l’Agneau, que votre Majeſté  Neſe mette pas en colere ;  Maisplutoſt qu’elle conſidere  Queje me vas deſalterant  Dansle courant,  Plusde vingt pas au-deſſous d’elle ; Et que par conſequent en aucune façon  Jene puis troubler ſa boiſſon. Tu la troubles, reprit cette beſte cruelle, Et je ſçai que de moy tu médis l’an paſſé. Comment l’aurois-je fait ſi je n’eſtois pas né ?  Repritl’Agneau, je tete encore ma mere,  Sice n’eſt toy, c’eſt donc ton frere : Je n’en ay point. C’eſt donc quelqu’un des tiens :  Carvous ne m’épargnez guéres,  Vous,vos bergers, & vos chiens. On me l’a dit : il faut que je me vange.  Là-deſſusau fond des foreſts  LeLoup l’emporte, & puis le mange,  Sansautre forme de procés.
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