FablesAntoine Houdar de La Motte1719Livres I à IIILivres IV à VIFables (Houdar de La Motte) I à IIILIVRES I à IIII AU ROY LA BELLE ET LE MIROIRP1Prince, l’amour du peuple et sa chere espérance,Soleil, qui commences ton cours ;Dont l’aurore déja fait goûter à la FranceLe présage des plus beaux jours :Je te vouë (et mon zèle en ta bonté se fie)Ces recits ingenus qu’Apollon m’a dictés,Fables en apparence, en effet vérités :De ton âge innocent, c’est la philosophie.La morale au front sérieux,Au geste grave, au ton severe,T’ennuiroit ; il est bon qu’elle rie à tes yeux,Qu’elle badine pour te plaire.Je l’égaye en mon livre ; un autre peut mieux faire,Prince ; mais en attendant mieux,Reçois de mes essais cette offrande sincere ;P2S’ils sont de quelque fruit, que j’en loûrai les dieux !Sous plus d’une riante image,Les devoirs des rois sont tracez :J’ose en dire beaucoup ; si ce n’en est assez,Quelque jour ton exemple en dira davantage.D’ailleurs, ne vas pas négligerD’autres points que j’adresse à tous tant que nous sommes ;Rien d’humain ne t’est étranger ;Les grands rois se font des grands hommes.Travaille donc à l’homme ; et quand il sera fait,Le roi viendra bien aisément s’y joindre :Faire l’homme est le grand objet ;Et faire le roi c’est le moindre.Quels hommes choisis vont t’aiderÀ consommer en toi cet important ouvrage !Le vrai va t’être offert ; songe à le regarder,Songe à l’aimer, et sur son témoignageFonde en ton cœur de solides ...
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