Éloge de Vincent de GournayTurgot1759>Je n’ai point oublié, monsieur, la note que je vous ai promise sur feu M. de Gournay.eJ’avais même compté vous la remettre lundi dernier chez MM Geoffrin ; mais nevous ayant point trouvé et ne vous croyant pas d’ailleurs très-pressé, je l’airapportée chez moi, dans l’idée que j’aurais peut-être le temps d’achever l’ébauchede l’éloge que je voudrais faire de cet excellent citoyen.Puisque vous n’avez pas le temps d’attendre, je vous en envoie les traits principaux,esquissés trop à la hâte, mais qui pourront vous aider à le peindre, et que vousemploierez sûrement d’une manière beaucoup plus avantageuse pour sa gloire queje n’aurais pu le faire.Vous connaissez mon attachement.Jean-Claude-Marie Vincent, seigneur de Gournay, conseiller honoraire au grandconseil, intendant honoraire du commerce, est mort à Paris le 27 juin dernier(1759), âge de quarante-sept ans.Il était né à Saint-Malo, au mois de mai 1712, de Claude Vincent, l’un des plusconsidérables négociants de cette ville, et secrétaire du roi.Ses parents le destinèrent au commerce et l’envoyèrent à Cadix en 1729, à peineâgé de dix-sept ans.Abandonné de si bonne heure à sa propre conduite, il sut se garantir des écueils etde la dissipation trop ordinaires à cet âge, et pendant tout le temps qu’il habitaCadix, sa vie fut partagée entre l’étude, les travaux de son état, les relations sansnombre qu’exigeait son commerce et celles que son mérite personnel ne tarda ...
Voir