Stéphane MallarméDivagationsBibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897 (pp. 20-24).UN SPECTACLE INTERROMPUQue la civilisation est loin de procurer les jouissances attribuables à cet état ! ondoit par exemple s’étonner qu’une association entre les rêveurs, y séjournant,n’existe pas, dans toute grande ville, pour subvenir à un journal qui remarque lesévénements sous le jour propre au rêve. Artifice que la réalité, bon à fixer l’intellectmoyen entre les mirages d’un fait ; mais elle repose par cela même sur quelqueuniverselle entente : voyons donc s’il n’est pas, dans l’idéal, un aspect nécessaire,évident, simple, qui serve de type. Je veux, en vue de moi seul, écrire comme ellefrappa mon regard de poëte, telle Anecdote, avant que la divulguent des reporterspar la foule dressés à assigner à chaque chose son caractère commun.Le petit théâtre des Prodigalités adjoint l’exhibition d’un vivant cousin d’Atta Troll oude Martin à sa féerie classique la Bête et le Génie ; j’avais, pour reconnaîtrel’invitation du billet double hier égaré chez moi, posé mon chapeau dans la stallevacante à mes côtés, une absence d’ami y témoignait du goût général à esquiverce naïf spectacle. Que se passait-il devant moi ? rien, sauf que : de pâleursévasives de mousseline se réfugiant sur vingt piédestaux en architecture deBagdad, sortaient un sourire et des bras ouverts à la lourdeur triste de l’ours : tandisque le héros, de ces sylphides évocateur et leur gardien, un clown, dans ...
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