Stéphane MallarméDivagationsBibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897 (pp. 153-163).CRAYONNÉ AU THÉÂTRELe désespoir en dernier lieu de mon Idée, qui s’accoude à quelque balcon lavé à lacolle ou de carton-pâte, regards perdus, traits à l’avance fatigués du néant, c’estque, pas du tout ! après peu de mots au tréteau par elle dédaigné si ne le bat saseule voltige, immanquablement la voici qui chuchote dans un ton de sourdeangoisse et me tendant le renoncement au vol, agité longtemps de son caprice.« Mais c’est très bien, c’est parfait — à quoi semblez-vous prétendre encore, monami ? » puis d’une main vide de l’éventail : « Allons-nous-en (signifie-t-elle)cependant — on ne s’ennuierait même pas et je craindrais de ne pouvoir rêverautre chose. — L’auteur ou son pareil, ce qu’ils voulaient faire, ils l’ont fait et jedéfierais qui que ce soit de l’exécuter mieux ou différemment. » Que souhaitaient-ils donc accomplir, ô mon âme ? répliqué-je une fois et toujoursinterloqué puis éludant la responsabilité d’avoir conduit ici une si exquise dameanormale : car ce n’est pas elle, sûr ! s’il y faut voir une âme ou bien notre idée (àsavoir la divinité présente à l’esprit de l’homme) qui despotiquement proposa :« Viens ».Mais un habituel manque inconsidéré chez moi de prévoyance.— « La chose qu’ils voulaient faire ? » ne pritelle pas le soin de prolonger vis-à-visd’une feinte curiosité « je ne sais pas, ou si.. » réprimant, la pire torture ne pouvoirque trouver ...
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