Stéphane MallarméDivagationsBibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897 (pp. 171-178).BALLETSLa Cornalba me ravit, qui danse comme dévêtue ; c’est-à-dire que sans lesemblant d’aide offert à un enlèvement ou à la chute par une présence volante etassoupie de gazes, elle paraît, appelée dans l’air, s’y soutenir, du fait italien d’unemoelleuse tension de sa personne.Tout le souvenir, non ! du spectacle à l’Éden, faute de Poésie : ce qu’on nommeainsi, au contraire, y foisonne, débauche aimable pour l’esprit libéré de lafréquentation des personnages à robes, habit et mots célèbres. Seulement lecharme aux pages du livret ne passe pas dans la représentation. Les astres, eux-mêmes, lesquels j’ai pour croyance que, rarement, il faut déranger pas sans raisonsconsidérables de méditative gravité (ici, selon l’explication, l’Amour les meut et lesassemble) je feuillette et j’apprends qu’ils sont de la partie ; et l’incohérent manquehautain de signification qui scintille en l’alphabet de la Nuit va consentir à tracer lemot VIVIANE, enjôleurs nom de la fée et titre du poème, selon quelques coupsd’épingle stellaires en une toile de fond bleue : car le corps de ballet, total nefigurera autour de l’étoile (la peut-on mieux nommer !) la danse idéale desconstellations. Point ! de là on partait, vous voyez dans quels mondes, droit àl’abîme d’art. La neige aussi dont chaque flocon ne revit pas au va-et-vient d’unblanc ballabile ou selon une valse, ni le jet vernal des ...
Voir