Alphonse de Lamartine — Recueillements poétiquesÀ M. Wap, poète hollandaisen réponse à une Ode adressée à l’auteur sur la mort de sa fille Que le ciel et mon cœur bénissent ta pensée,Toi qui pleures de loin ce que la mort m’a pris !Et que par la pitié cette larme verséeDevienne une perle sans prix !Que l’ange de ton cœur devant Dieu la suspende,Pour la faire briller de la splendeur des cieux,Et qu’en larmes de joie un jour il te les rendeCes pleurs, aumône de tes yeux !Oh ! quand j’ai lu ce nom qui remplissait naguèreDe joie et de clarté mon oreille et mon cœur,Ce nom que j’ai scellé sur mes lèvres de pèreComme un mystère de douleur !Quand je l’ai lu gravé sur ta funèbre page,Un nuage à mes yeux de mon cœur a monté,Et j’ai dit en moi-même : « Il n’est donc nulle plage»Où quelque ange ne l’ait porté ? »Et qu’ai-je fait, dis-moi, pour mériter, ô barde,Que ton front se couvrit de cendre avec le mien ?Dieu n’avait pas remis cette enfant sous ta garde,Mon bonheur n’était pas le tien !Nous parlons ici-bas des langues étrangères,L’onde de mes torrents n’est pas l’eau que tu bois ;Mais l’âme comprend l’âme, et la pitié rend frèresTous ceux dont le cœur est la voix.Toute voix qui la nomme entre au fond de mon âme ;Je ne puis sans pâlir en entendre le son :Et j’adore de l’œil jusqu’aux lettres de flammeQui composaient son divin nom !Le jour, la nuit, tout haut ma bouche les épelle,Comme si dans leur sens ces lettres l’enfermaient !Il semble à mon ...
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