Chronique de la quinzaine — 31 janvier 1841
V. de Mars
Revue des Deux Mondes
4ème série, tome 25, 1841
Chronique de la quinzaine/1841/31 janvier 1841
Après un long, mémorable et singulier débat l’amendement Schneider vient d’être
rejeté par une assez forte majorité : 236 boules noires contre 175 boules blanches.
La différence serait plus que suffisante pour une question ordinaire ; nous l’aurions
voulu plus forte encore dans le cas particulier.
Qu’on déduise des 175 voix qui ont accepté l’amendement vingt ou trente suffrages
appartenant à des hommes des partis extrêmes qui probablement ont, eux aussi,
adopté l’amendement comme moyen de faire rejeter la loi tout entière, et il reste
une masse de 150 voix des centres qui ont sans scrupules prononcé le rejet de la
proposition du gouvernement, du projet que les ministres de la couronne ont
présenté, maintenu, défendu, du projet qu’ils ont formellement déclaré être
nécessaire à la France, non-seulement Comme moyen défensif, mais comme
moyen préventif, comme moyen de paix digne et honorable, comme témoignage de
force et de puissance morale. C’est par l’adoption hautaine, presque unanime du
projet de loi, que la France devait dire à l’Europe : Rien ne me conte, tous les
efforts me sont faciles, tous les sacrifices me sont agréables lorsqu’il s’agit
d’assurer mon indépendance, de maintenir ma dignité, de consolider la monarchie
de mon choix. Le projet est gigantesque, soit ; très coûteux, soit encore. En
l’adoptant, je ne prouve ...
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