Charles de Saint-ÉvremondŒuvres mêléesCaractère de Mme la comtesse d’Olonne1CARACTÈRE DE MADAME LA COMTESSE D’OLONNE .(1657.)Je ne pense pas être plus heureux à votre caractère, que nos peintres à votreportrait, où je puis dire que les meilleurs ont perdu leur réputation. Jusqu’ici nousn’avons point vu de beautés si achevées, qui ne soient allées chez eux, pour ychercher de certaines grâces, ou pour s’y défaire de quelques défauts. Vous seule,Madame, êtes au-dessus des arts qui savent flatter et embellir. Ils n’ont jamais2travaillé pour vous que malheureusement : jamais sans vous avoir beaucoupintéressée, et fait perdre autant d’avantages à une personne accomplie, qu’ils ontaccoutumé d’en donner à celles qui ne le sont pas.Si vous n’êtes guère obligée à la peinture, vous l’êtes encore moins à la curiositédes ajustements. Vous ne devez rien, ni à la science d’autrui, ni à votre propreindustrie, et pouvez en repos vous remettre à la nature des soins qu’elle prend pourvous. Comme il y a peu de négligences heureuses, je ne conseillerois pas aux3autres de s’y fier .En effet, la plupart des femmes ne sont agréables que par les agréments qu’ellesse font. Tout ce qu’elles mettent pour se parer cache des défauts. Tout ce que l’onvous ôte de votre parure vous rend quelque grâce ; et vous avez autant d’intérêt àrevenir purement au naturel, qu’il leur est avantageux de s’en éloigner.4Je ne m’amuserai point à des louanges générales, aussi vieilles que les ...
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