C a l c u t t aThéodore PavieRevue des Deux Mondes T.2, 1843CalcuttaL’embouchure des grands fleuves présente toujours des dangers à la navigation : ici ce sont des roches sous-marines jadisrecouvertes d’une épaisse couche de terre balayée par les flots, là des bancs et des grèves chaque année déplacés par lesdébordemens, tour à tour entraînés et formés de nouveau par les courans et les marées, ailleurs une barre limoneuse qui est commela ligne de démarcation entre les eaux douces et l’Océan. Grossi par vingt-une rivières considérables qui se gonflent elles-mêmespériodiquement à la saison des pluies, à la fonte des neiges, le Gange, malgré les huit bouches par lesquelles il se jette dans le golfeen arrosant et inondant parfois son delta, roule une si puissante masse d’eau, que son lit, à l’entrée principale, est inégal et capricieuxcomme celui d’un torrent. Aussi, lorsque, dans une nuit sombre et pluvieuse de juillet, un navire poussé vent arrière par la brise dusud-ouest arrive sur les brasses, sa position n’a rien de rassurant jusqu’à ce qu’il ait à bord le-pilote que lui envoie, dans unechaloupe montée par douze lascars intrépides, l’un des bricks toujours en croisière devant cette côte menaçante. Entre une longueligne de récifs célèbres par plus d’un naufrage, sur lesquels mugit à marée basse la vague furieuse, et des bancs de sable mêlés devase sur lesquels le plus gros trois-mâts tournoie et disparaît englouti, le navigateur, battu par les rafales d’un ...
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