Après la mortIvan TourguenievParu dans la Nouvelle Revue en 1883IAu printemps de l’année 1878, à Moscou, dans une petite maison en bois, sur laChabalofka, vivait un jeune homme de vingt-cinq ans, du nom d’Aratov.Avec lui habitait sa tante, une vieille fille de plus de cinquante ans, sœur de sonpère, Platonida Ivanowna. Elle prenait soin de son ménage et réglait les dépenses,choses dont il était absolument incapable.Il n’avait point d’autres parents. Plusieurs années auparavant, son père, petitgentilhomme peu aisé du gouvernement de T..., était venu s’établir à Moscou aveclui et Platonida, que du reste, il appelait toujours Platocha, nom que son neveu luidonnait aussi. Ayant abandonné la campagne qu’ils avaient tous constammenthabitée jusqu’alors, le vieil Aratov s’était établi dans la capitale, avec l’intention defaire entrer son fils à l’Université. C’est lui-même qui lui avait fait faire les étudespréparatoires.Il acheta pour peu d’argent une maison dans une des rues écartées de Moscou, ets’y installa avec ses livres et ses « préparations », et il en possédait beaucoup, deces livres et de ces « préparations » ; car c’était un homme qui ne manquait pas descience, un « original fini », d’après le dire de ses voisins. Il passait près d’eux poursorcier, et même ils lui avaient donné le surnom « d’observateur d’insectes ». Ils’occupait de chimie, de minéralogie, d’entomologie, de botanique et demédecine ; traitait les clients volontaires avec des ...
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