Amertume. RogerJe cours.Suis à bout de souffle.Les poumons en feu.Je voudrais me redresser pour mieux m'oxygéner, mais je ne peux pas. L'air me m anque, mesjambes vont et viennent dans un rythme mécanique, inconscient.Deux minutes que le bip accroché à ma ceinture a sonné alors que je tondais le gazon ; qu’unesoudaine montée d'adrénaline à court-circuité mon cerveau que je me suis lancé dans un sprinteffréné à travers le village; que le soleil de plomb de cette chaude journée de juillet m'écrase,embrase l'air qui me sèche la gorge et me brûle les bronches; que la semelle des vieux mocassinsque je ne mets plus que pour bricoler tellement ils sont usés, claque sur le bitume.Pas vraiment l'idéal pour courir. Mais pas le temps de me changer, d'essuyer les brins degazon collés par la sueur à mes tibias, de m'échauffer, de même me laver les mains. Plus tard, jeverrai. Mais pas maintenant, non. La seule chose qui compte c'est d'arriver au plus vite.J'ahane. J'étouffe.Enfin, au détour d'une rue, la caserne. Je m'y engouffre à toute vitesse pour attrape r le microet répondre à l'appel. Au dehors, j'entends le moteur d’une voiture ronfler, le couin ementcaractéristique d'un frein de vélo mal entretenu qu'on torture soudain, des pas précipités. Et lescollègues déboulent dans le couloir alors que je note le message sur la feuille d'intervention.Une personne est tombée du haut d'un arbre. Coup classique en cette période de ré colte desfruits. Elle est ...
Voir