Affaires du DanemarkA. GeffroyRevue des Deux Mondes T.33, 1861Affaires du Danemark (1861)La question danoise subit un temps d’arrêt et languit, mais on peut se demander si,[1]en languissant, elle ne s’envenimera pas chaque jour davantage ; elle peuts’envenimer des dangers, imaginaires ou réels, que l’Allemagne croit toujours voird’un certain côté suspendus sur sa tête, et qui lui font saisir ses armes avec unepassion aveugle et un besoin de frapper quelque part autour d’elle, — non sansdiscernement, pour s’adresser quant à présent au plus faible; elle peut s’envenimeraussi de l’anxiété du pays attaqué, de la double nécessité où il se trouve d’appelerà lui ses alliés naturels et les grandes puissances, peut-être divisées et jalouses, etd’invoquer, de susciter peut-être à tout prix une solution. Pendant qu’au-delà duRhin elle complique et augmente une exaltation déjà malsaine par elle-même, ellecommence à inquiéter en France et en Angleterre tous les esprits sérieux qui enaperçoivent les conséquences possibles. En Angleterre, elle fait rapidement sonchemin dans les préoccupations de l’opinion publique : le parlement et desmeetings la discutent, avec grande faveur pour le peuple danois. En France, nousne sommes pas aussi avancés; nos ministres sans portefeuille ne sentent pas lanécessité de se tenir prêts à expliquer la conduite du gouvernement de l’empereurdans le conflit dano-allemand, et nulle réunion populaire ne tente de se former cheznous pour ...
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