Affaires de Buénos-Ayresun Officier de la flotteRevue des Deux Mondes4ème série, tome 25, 1841Affaires de Buénos-AyresExpéditions de la France contre la République Argentine.I – Origine des différends, exposé de nos griefsTant que dura la restauration, le gouvernement français se montra fort sévère àl’égard des nouvelles républiques de l’Amérique. En vain celles-ci vinrent-elles noussupplier de reconnaître leur indépendance, de les admettre au nombre des nationssouveraines ; nous repoussâmes toujours, et souvent avec dédain, les avancesqu’elles nous firent. En cela, la restauration obéissait à des sympathies de famille, àson principe même d’existence, que ce monde républicain, éclos de la révoltecontre la légitimité et contre la domination des Bourbons d’Espagne, avaitviolemment heurté. On peut regarder cette répulsion instinctive et maladroitecomme le prétexte, sinon comme la cause première, des défiances que nousinspirons aux gouvernemens nouveaux de l’ancienne Amérique espagnole.Ajoutons que l’Espagne avait basé sur la haine de l’étranger le pouvoir absoluqu’elle exerça pendant trois siècles dans ces contrées, et le temps seul peut effacercomplètement un préjugé si fatal et si profondément enraciné. Aussi, bien qu’àBuénos-Ayres, un contact plus fréquent et plus ancien avec les étrangers, unecertaine confraternité d’armes avec eux pendant la guerre de l’indépendance, descirconstances particulières enfin, aient fort affaibli cette prévention, ...
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