À un homme qui lui avait dit : tu es un Prométhéedans tes discoursLucien de SamosateTraduction française d’Eugène Talbot1. Tu dis donc que je suis un Prométhée ? Si c'est, mon cher ami, parce que mes ouvrages aussi sont d'argile, j'admets l'allusion, etj'avoue que je lui ressemble. Je ne refuse point de passer pour un potier, dût la terre dont je me sers être plus vile que la boue descarrefours, et se rapprocher de la fange. Mais si c'est pour exalter l'artifice de mes discours, que tu les décores du nom du plus sagedes Titans, prends garde qu'on ne voie une ironie, une raillerie à la manière attique, cachée sous ta louange. En effet, où est monartifice ? Quelle étonnante sagesse, quelle prudente réserve y a-t-il dans mes écrits ? Il me suffit qu’ils ne te paraissent pas tropterrestres, ni complètement dignes du Caucase. Mais combien n'est-il pas plus juste de vous comparer à Prométhée, vous autres quibrillez au barreau et livrez de véritables combats ! Vos œuvres sont réellement vivantes et animées, et, par Jupiter ! toutes pleines dechaleur et de feu. C'est ce qu'on appelle être un vrai Prométhée, avec cette différence que vous ne pétrissez pas la boue, mais quevos compositions sont toutes d'or.2. Pour nous, qui paraissons en public pour y débiter nos déclamations, nous ne sommes que des gens qui montrent des statues, eten définitive, comme je viens de le dire, c'est d'argile seulement que nous les formons, en véritables faiseurs de poupées. Du reste ...
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