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P I ERRE LO T I
LE ROMAN D’U N
SP AH I
BI BEBO O KP I ERRE LO T I
LE ROMAN D’U N
SP AH I
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1101-0
BI BEBO OK
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Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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signifie que v ous p ouv ez lég alement la copier , la r e
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encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok.I N T RODUCT ION
1CHAP I T RE I
côte d’ Afrique , quand on a dép assé l’ e xtrémité
sud du Mar o c, on suit p endant des jour s et des nuits un inter-E minable p ay s désolé . C’ est le Sahara, la « grande mer sans e au »
que les Maur es app ellent aussi « Ble d-el- Ateuch », le p ay s de la soif.
Ces plag es du désert ont cinq cents lieues de long, sans un p oint de
r epèr e p our le navir e qui p asse , sans une plante , sans un v estig e de vie .
Les solitudes défilent, av e c une monotonie triste , les dunes
mouvantes, les horizons indéfinis, — et la chaleur augmente d’intensité chaque
jour .
Et puis enfin app araît au-dessus des sables une vieille cité blanche ,
planté e de rar es p almier s jaunes ; c’ est Saint-Louis du Sénég al, la capitale
de la Sénég ambie .
Une église , une mosqué e , une tour , des maisons à la maur esque . T out
cela semble dor mir sous l’ardent soleil, comme ces villes p ortug aises qui
fleurissaient jadis sur la côte du Cong o , Saint-Paul et Saint-P hilipp e de
2Le r oman d’un sp ahi Chapitr e I
Benguéla.
On s’appr o che , et on s’étonne de v oir que cee ville n’ est p as bâtie sur
la plag e , qu’ elle n’a même p as de p ort, p as de communication av e c l’ e
xtérieur ; la côte , basse et toujour s dr oite , est inhospitalièr e comme celle du
Sahara, et une éter nelle ligne de brisants en défend l’ab ord aux navir es.
On ap er çoit aussi ce que l’ on n’avait p as v u du lar g e : d’immenses
four milièr es humaines sur le rivag e , des millier s et des millier s de cases
de chaume , des hues lilliputiennes aux toits p ointus, où gr ouille une
bizar r e p opulation nègr e . Ce sont deux grandes villes y olofes, Guet-n’dar
et N’dartoute , qui sép ar ent Saint-Louis de la mer .
Si on s’ar rête de vant ce p ay s, on v oit bientôt ar riv er de longues
pir ogues à ép er on, à muse au de p oisson, à tour nur e de r e quin, monté es
p ar des hommes noir s qui rament deb out. Ces pir oguier s sont de grands
her cules maigr es, admirables de for mes et de muscles, av e c des faces de
g orilles. En p assant les brisants, ils ont chaviré dix fois p our le moins.
A v e c une p er sé vérance nègr e , une agilité et une for ce de clo w ns, dix fois
de suite ils ont r ele vé leur pir ogue et r e commencé le p assag e ; la sueur et
l’ e au de mer r uissellent sur leur p e au nue , p ar eille à de l’ébène v er ni.
Ils sont ar rivés, cep endant, et sourient d’un air de triomphe , en
montrant de magnifiques râtelier s blancs. Leur costume se comp ose d’une
amulee et d’un collier de v er r e ; leur char g ement, d’une b oîte de plomb
soigneusement fer mé e : la b oîte aux ler es.
C’ est là que se tr ouv ent les ordr es du g ouv er neur p our le navir e qui
ar riv e ; c’ est là que se meent les p apier s à l’adr esse des g ens de la colonie .
Lor squ’ on est pr essé , on p eut sans crainte se confier aux mains de
ces hommes, certain d’êtr e r epê ché toujour s av e c le plus grand soin, et
finalement dép osé sur la grè v e .
Mais il est plus confortable de p our suiv r e sa r oute v er s le sud, jusqu’à
l’ emb ouchur e du Sénég al, où des bate aux plats viennent v ous pr endr e , et
v ous mènent tranquillement à Saint-Louis p ar le fleuv e .
Cet isolement de la mer est p our ce p ay s une grande cause de
stagnation et de tristesse ; Saint-Louis ne p eut ser vir de p oint de r elâche aux
p aqueb ots ni aux navir es mar chands qui descendent dans l’autr e
hémisphèr e . On y vient quand on est for cé d’y v enir ; mais jamais p er sonne
n’y passe , et il semble qu’ on s’y sente prisonnier , et absolument sép aré du
3Le r oman d’un sp ahi Chapitr e I
r este du monde .
n
4CHAP I T RE I I
nord de Saint-Louis, près de la mosqué e , était
une vieille p etite maison isolé e , app artenant à un certain Samba-D Hamet, trafiquant du haut fleuv e . Elle était toute blanche de
chaux ; ses mur s de brique lézardés, ses planches racor nies p ar la sé
cher esse , ser vaient de gîte à des légions de ter mites, de four mis blanches et
de lézards bleus. D eux marab outs hantaient son toit, claquant du b e c au
soleil, allong e ant grav ement leur cou chauv e au-dessus de la r ue dr oite
et déserte , quand p ar hasard quelqu’un p assait. O tristesse de cee ter r e
d’ Afrique ! Un frêle p almier à épines pr omenait lentement chaque jour
son ombr e mince tout le long de la muraille chaude ; c’était le seul arbr e
de ce quartier , où aucune v erdur e ne r ep osait la v ue . Sur ses p almes
jaunies v enaient souv ent se p oser des v ols de ces tout p etits oise aux bleus
ou r oses qu’ on app elle en France des b eng alis. A utour , c’était du sable ,
toujour s du sable . Jamais une mousse , jamais un frais brin d’herb e sur ce
sol, dessé ché p ar tous les souffles brûlants du Sahara.
5Le r oman d’un sp ahi Chapitr e I I
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6CHAP I T RE I I I
, vieille négr esse hor rible , nommé e Coura-n’diay e ,
ancienne fav orite d’un grand r oi noir , habitait au milieu des débrisE de sa fortune , elle avait installé là ses lo ques bizar r es, ses p etites
esclav es couv ertes de v er r oteries bleues, ses chè v r es, ses grands moutons
cor nus et ses maigr es chiens jaunes.
En haut, était une vaste chambr e car ré e , haute de plafond, à laquelle
on ar rivait p ar un escalier e xtérieur , en b ois v er moulu.
n
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