Alphonse Allais
Deux et deux font cinq
Ah ! on ne s’embête pas à l’Académie des sciences !
Je vous donne en mille à quoi ces bougres-là passent leur temps, au lieu de
travailler !
D’ailleurs, lisez vous-mêmes.
J’aime autant ça, parce que vous me traiteriez encore de blagueur.
L’extrait suivant est soigneusement découpé dans le Journal officiel du 25 octobre,
et je n’y change pas un traître mot :
ACADÉMIE DES SCIENCES
Présidence de M. Marey, vice-président
Séance du 22 Octobre.
« M. Marey place sous les yeux de l’Académie une série d’images
chronophotographiques (soixante à la minute) représentant les diverses positions
que prend un chat lorsque, placé sur le dos, on le laisse tomber d’une hauteur de 1
m. 50 sur le sol. Le chat se retourne pendant la chute et retombe sur ses quatre
pattes. Comment s’effectue cette rotation ? Au point de vue mécanique, quand un
corps inerte tombe et qu’aucune force extérieure n’agit, il est impossible qu’il
change d’orientation en route. Et cependant le chat retombe sur ses pattes. Il est
vrai que ce n’est pas un corps inerte. Cependant, M. Marey soumet le cas à ses
confrères de la section de mécanique.
» M. le commandant Guyon explique la rotation du chat par un changement du
moment d’inertie dû au déplacement des membres pendant la chute.
» M. Bertrand dit : C’est peut-être cela, parce que l’animal n’est pas un corps inerte,
mais c’est à revoir.
» M. Marcel Deprez : Il y a impossibilité mécanique à ce mouvement spontané ; un
corps qui ...
Voir