Alphonse AllaisDeux et deux font cinqJe vais raconter les faits simplement ; la moralité s’en dégagera d’elle-même.C’était pas plus tard qu’hier (je ne suis pas, moi, comme mon vieil ami Odon G. deM. dont les plus récentes anecdotes remontent à la fin du treizième siècle).C’était pas plus tard qu’hier.J’avais passé toute la journée au polygone de Fontainebleau où j’assistais auxexpériences du nouveau canon de siège en osier, beaucoup plus léger que celuiemployé jusqu’à présent en bronze ou en acier et tout aussi profitable, commedirait mon vieux camarade le général Poilu de Sainte-Bellone.(Ajoutons incidemment que j’ai rencontré dans les rues de Fontainebleau monjeune ami Max Lebaudy, très gentil en tringlot et prenant gaiement son parti de sanouvelle position. Il voulait me retenir à dîner, mais impossible, préalablementengagé que j’étais au mess de MM. les canonniers de l’École. Ce sera pour uneautre fois.)Après avoir absorbé, en gaie compagnie, quelques verres de l’excellente bière desbarons de Tucher, j’envahis le train qui, partant à 10 h. 5 de Fontainebleau, devaitme déposer à Paris à 11 h. 24.(Je précise, pour faire plaisir à M. Dopffer.)Dans le compartiment où m’amena le destin se trouvaient, déjà installés, unmonsieur et un petit garçon.Le monsieur n’avait rien d’extraordinaire, le petit garçon non plus (un tic de famille,probablement).Malgré ma haute situation dans la presse quotidienne, je consentis tout de même àengager la conversation ...
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