Sara la danseused a n s Contes brunsCharles Rabou1832Non, s'écriait, un soir de sabbat, le juif Fleischmann en frappant vivement de sonpoing la table sur laquelle il venait de souper; non, jamais je ne souffrirai que ma fillemonte sur un théâtre pour amuser par ses pirouettes les oisifs de Berlin! Danseuse!Par Abraham, ma fille danseuse, quand le jeune Aaron la demande en mariage, etque demain elle pourrait être la première marchande de chevaux de tout leMecklembourg! — Je ne dis pas non, reprenait sa femme; mais si pourtant elledevait faire fortune dans cet état, on peut très-bien y vivre honnêtement, quoique lesdames de théâtre ne soient pas toutes en possession d'une excellente réputation.— Taisez-vous, reprenait Fleischmann, vous en savez, vous, des danseuses qui nesoient pas des Babylones vivantes? J'aimerais mieux, comme notre grandpatriarche, être obligé de la sacrifier moi-même, de mes propres mains, que de lalaisser entrer dans une pareille vie. La fille de Fleischmann sauteuse publique!! —Mais enfin, mon ami, reprenait la mère, David a dansé devant l'arche. — Il ydansait, répondit solennellement le vieux juif, pour célébrer les louanges duSeigneur, et sa danse ne ressemblait en aucune manière à celle que votre Saravoudrait pratiquer. C'était une danse grave, mesurée... — Pour cela, mon ami, c'estce que vous ne savez pas. Le livre de Samuel, que les chrétiens appellent le livredes Rois, ne dit pas du tout une danse plutôt qu'une autre. — ...
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