Alphonse AllaisDeux et deux font cinqQue le correspondant dont je publie ici la lettre ne s’y trompe pas une minute ! Jesais parfaitement quelle personnalité cache sa modeste signature.Mais aussi, qu’il se rassure ! je ne la dévoilerai point, cette personnalité.Détenteur d’une haute situation dans l’État (on peut dire, sans crainte d’être taxéd’exagération, qu’il est chef de service), mon correspondant ne relève pas, commeon dit, du domaine de la petite bière.Sa lettre est l’aimable délassement d’un esprit d’élite et digne, en tous points, duposte important qu’on lui a confié.Le sort que je fais à sa fantaisie pourra peut-être le déterminer à — si laconversation vient à tomber là-dessus — m’offrir un bureau de tabac ou deux.Ce que j’en dis, c’est pour les amis, car je ne fume pas, et, ne répondant jamais auxlettres que je reçois, les timbres-poste m’indiffèrent. « Monsieur le rédacteur,» Vous êtes certainement un des hommes les plus remarquables de ce temps. Vosarticles sont des lumières.» C’est ce qui m’incite à vous soumettre une idée qui m’est venue et dont jesouhaiterais que vous vous fissiez l’ardent zélateur.» N’êtes-vous pas frappé comme moi — oui, n’est-ce pas ? — du profond discréditdans lequel est tombée la croix de commandeur de la Légion d’honneur ?» Ce discrédit, je voudrais le voir disparaître.» Comment ? En attachant à cette haute distinction une faveur qui la rendrait plusdésirable.» Je voudrais qu’une loi intervînt aux termes de ...
Voir