Basile Giambattistatrad. Charles DeulinLes Contes de ma mère l’Oye avant PerraultPoucet et PoucetteNennillo e NennellaPentamerone, journée v, conte 8Il y avait une fois un père, nommé Jannuccio, qui avait deux enfants, Nennillo etNennella, qu’il aimait autant que la prunelle de ses yeux.Par malheur, avec la lime sourde du temps, la Mort rompit les barreaux quiretenaient prisonnière l’âme de sa femme, et à sa place il prit une affreuse harpiequi était une maudite chienne.Celle-ci n’eut pas plutôt mis le pied dans la maison de son mari qu’elle commençad’être comme un cheval à l’écurie et de dire :— Suis-je venue céans pour pouiller les marmots d’une autre ? Il ne me manquaitplus que de m’empêtrer ainsi des autres et de voir ces araignées autour de moi.Oh ! que ne me suis-je rompu le cou avant de venir dans cet enfer pour manger mal,boire peu et peu dormir à cause du tracas que me donne cette marmaille ! Ce n’estpas une existence supportable. Je me suis mariée pour être maîtresse et nonservante. Il faut prendre un parti et supprimer ce mal, ou c’est moi-même qui seraisupprimée. Mieux vaut rougir une fois que de pâlir cent. Aujourd’hui plus quejamais, je suis résolue d’en finir ou d’envoyer tout au diable.Le pauvre mari, qui avait beaucoup trop d’amour pour sa femme, lui dit : — Calme-[1]toi, ma femme, car le sucre coûte cher . Demain matin, au chant du coq, je tedébarrasserai de ces ennuis et tu seras satisfaite.Le matin donc, à l’heure où l’Aurore ...
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