Alphonse AllaisDeux et deux font cinqMon jeune et intelligent directeur me remet, ou plutôt me fait remettre par un de sesgrooms — car nous sommes en froid depuis quelque temps (histoire de femmes)— la lettre suivante que je publie presque intégralement, non pas tant pour l’intérêtqu’elle comporte que pour la petite peine qu’elle m’évite d’imaginer et d’écrire unevague futilité analogue ou autre.Tout ce qui touche à la langue française, d’ailleurs, ne me saurait demeurerindifférent. Mes lecteurs, mes bons petits lecteurs chéris, le savent bien, car pas unjour ne se passe sans que je sois consulté sur quelque philologique embarras, ouinvité à consacrer de ma haute sanction telle nouvelle formule.D’autres se montreraient orgueilleux d’une semblable renommée ; moi, je n’en suispas plus fier !Une lettre très gentille, entre autres, reçue dernièrement, me disait en substance : « Un syndicat d’idolâtres de votre incomparable talent et de votre parfaite tenuedans la vie me charge de vous aviser qu’il a définitivement adopté, commecourtoise formule épistolaire, le inoxydablement que vous venez de lancer avecvotre indiscutable autorité.» Mais croyez-vous point, cher Monsieur, que l’orthographe en serait pas mieuxainsi : inoccidablement, témoignant que les sentiments qu’on nourrit pour soncorrespondant sont altérables par rien du tout, même le trépas ? »Nous sommes d’accord, Syndicat d’idolâtres, nous sommes d’accord.Et puis, voici la lettre annoncée plus ...
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