Petits contes alsaciensJules Girardin1892Sommaire1 Augusta Kopf1.1 I1.2 II1.3 III1.4 IV1.5 V1.6 VI1.7 VII2 Quatre victimes, histoire à faire frémir2.1 I2.2 II2.3 III2.4 IV2.5 V2.6 VI2.7 VII2.8 VIIIAugusta KopfITous ceux qui ont pu partir sont partis, et dans tout le village il ne reste peut-être pasdix familles alsaciennes. Les autres se sont dispersées aux quatre vents du ciel.Mais partout où un Alsacien a planté sa tente, il a emporté au fond de son cœur lesouvenir du cher village; dans les forêts de l'Amérique, dans les défrichements del'Algérie, dans les rues bruyantes de Paris, sitôt que son âme se replie sur elle-même et s'abandonne à la rêverie, il revoit la vieille église où ses enfants ont étébaptisés, le cimetière où reposent tous ceux qu'il a perdus, la place irrégulière oùles marchands forains dressent leur petite tente de toile; la fontaine aux eauxfraîches, avec sa colonne bizarre, qui faisait l'orgueil de la commune tout entière.La fontaine murmure toujours; que lui font les querelles et les malheurs deshommes? Les marchands viennent toujours étaler sur la petite place leurs poteriesgrossières et leurs lainages à bon marché. La seule différence qu'ils remarquent,c'est que l'argent devient rare, et que les nouveaux acheteurs marchandentdavantage.Il n'y a presque rien de changé en apparence, et cependant comme tout estchangé ! Le vieux maître d'école, un si digne homme! est parti en pleurant; un autremaître d'école est ...
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