Alphonse AllaisDeux et deux font cinqDu ponant, du couchant, du septentrion, du midi, du zénith et du nadir m’adviennentmille sanglants reproches pour le lâche abandon que j’ai commis envers la questionsi poignante de ces pèlerins passionnés que sont les végétaux.Certes, quand Mirbeau écrivit l’histoire de son Concombre fugitif, il n’espérait pointfaire couler tant d’encre, susciter d’incomptables correspondances, inquiéter tantd’âmes frétillantes.Et de toutes parts me pleuvent des communications touchant à la sensibilité,l’ambulativité des plantes et la part réellement psychique qu’elles prennent à la vie.Dans le lot des aimables lecteurs (et aussi lectrices) qui s’intéressent à la question,se trouvent d’agréables fantaisistes, d’effrénés convaincus et d’autres plus difficilesà classer.Un lieutenant d’infanterie qui signe Guy de Surlaligne (très probablement unpseudonyme) m’affirme que dans les environs de sa garnison, à Tulle, pousse uneespèce de violette, à laquelle on peut, sans sourciller, attribuer le record de lamodestie.« Vous cueillez, assure ce militaire, un bouquet de violettes, vous le posez sur unefeuille de papier blanc, et vous vous reculez en fixant indiscrètement les pauvresfleurettes.» Aussitôt, et de lui-même, le bouquet s’enroule dans le papier blanc, comme feraitun mort dans son linceul, et aussi rapidement (car on sait que les morts vont vite).» Si vous avez laissé quelques épingles à la portée du bouquet, ces menusustensiles ...
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