Alphonse AllaisDeux et deux font cinq— Et vous, Cap, qu’est-ce que vous pensez de tout ça ?— Tout ça… quoi ?— Tout ça, tout ça…— Ah oui, tout ça ! Eh bien, je ne pense qu’une chose, une seule !— Laquelle ?— Oh ! rien.Le dialogue dura longtemps sur ce ton. Moi, je me sentais un peu déprimé,cependant que le d’habitude vaillant Captain Cap était totalement aboli.Cap bâilla, s’étira comme un grand chat fatigué, et je devinai tout de suite ce qu’ilallait me proposer : l’inévitable corpse reviver en quelque bar saxon du voisinage.Je répondis par ces deux monosyllabes froidement émises :— Non, Cap !Cap aurait reçu sur la tête tout le Mont-Valérien lancé d’une main sûre, qu’il ne seserait pas plus formellement écroulé.— Comment, bégaya-t-il, avez-vous dit ?— J’ai dit : Non, Cap.— Alors, je ne comprends plus.— C’est pourtant bien simple, Cap. Désormais, la débauche, sous quelque formequ’elle se présente me cause une indicible horreur. J’ai trouvé mon chemin deDamas. Plus d’excès ! À nous, la norme ! Vivons à même la nature ! Or, la naturene comporte ni breuvages fermentés, ni spiritueux. Si on n’avait pas inventé l’alcool,mon bien cher Captain, on n’aurait pas été contraint d’imaginer la douche.Ce pauvre Cap m’affligeait positivement. Ces propos le déconcertaient tant, émispar moi !De désespoir, il crut à une plaisanterie.— Non, Cap, vraiment ! insistai-je de pied ferme.Pauvre Cap !Je perçus qu’il éprouva la sensation froide et noire que lui échappait ...
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