La Marmite du diableCharles DeulinAU temps jadis, il n’y avait, sur la route de Valenciennes à Condé, qu’un seulvillage, ou plutôt un hameau, le hameau d’Escaupont. Tout le reste du pays étaitcouvert par l’immense forêt charbonnière qui appartenait aux seigneurs, et, bienque le bois mort n’y manquât point, les pauvres gens soufflaient souvent dans leursdoigts, quand hurlait le vent de bise.En ce temps-là vivait à Escaupont un marissiau, ou maréchal ferrant, qui avait nomJean Hullos, mais qu’on appelait communément le Cacheux, ce qui, selon les uns,veut dire le chasseur, à cause qu’il aimait beaucoup à braconner, et, selon d‘autres,le chercheur, parce qu’il avait toujours l’air de chercher quelque chose.Or, un soir d’hiver que le Cacheux rôdait par la forêt, sur le mont d’Anzin, il avisa, auloin, une lumière rougeâtre qui brillait à travers les arbres.Jean se dirigea de ce côté, car il gelait fort ce soir-là, et les dents lui claquaientcomme le bec des cigognes.Il arriva bientôt devant une hutte, regarda au travers de la porte et vit un grand feuqui flambait dans l’âtre.On eût dit qu’il y avait dix lampes allumées, tant ce feu était clair et brillant, et,pourtant, il ne semblait fait ni de bois, ni de tourbe, ni de paille, ni de feuillessèches, mais bien de grosses pierres noires, qui brûlaient comme des tiges decolza.Trois hommes, trois nains, tout noirs des pieds à la tête, étaient accroupis autour dufoyer.Un autre, à la place de Jean, se serait ...
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