Basile Giambattistatrad. Charles DeulinLes Contes de ma mère l’Oye avant PerraultL’OurseL’OrzaPentamerone, journée II, conte 6.1637[1]Il était une fois le roi de l’Apre-Roche qui avait pour femme l’idéal de la beauté .Or, au milieu de la carrière de l’âge, la reine tomba de la cavale de la santé et secassa les reins. Au moment où l’éteignoir des ans allait être posé sur la chandellede l’existence, elle fit appeler son mari et lui dit :— Je sais que tu m’as toujours aimée de tout ton cœur ; c’est pourquoi, àl’approche de ma fin, je désire que tu me montres le dessus du panier de tonamour. Promets-moi donc de ne pas te remarier, si tu ne trouves une femme aussi[2]belle que je l’étais, sinon je te laisse ma malédiction la plus terrible , et je tepoursuivrai de ma haine jusque dans l’autre monde.En apprenant cette volonté dernière, le roi, qui l’aimait par-dessus les toits, éclataen sanglots et, pendant quelque temps, ne put accoucher d’une parole. À la fin,comme la reine trépassait, il lui dit : — Si je voulais encore tâter de la femme,qu’auparavant la goutte m’agrippe, qu’auparavant j’attrape un coup de couteau[3]catalan, qu’on me fasse comme à Starace ; ne crois pas, mon trésor, que jepuisse mettre mon amour sur une autre femme ; tu as eu l’étrenne de mesaffections, tu emporteras le dernier de mes désirs.Tandis qu’il prononçait ces mots, la pauvre femme qui râlait, roula les prunelles et[4]étendit les pieds. Le roi, qui vit la patrie perdue , ...
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