Alphonse AllaisDeux et deux font cinqCertes, je hais la délation… (Je n’ai même pas approuvé le mouvementd’indignation, pourtant bien justifié, de madame Aubert, quand — dans Pension deFamille, la follement amusante pièce de notre vieux Donnay — cette personneannonce à M. Assand qu’il est cocu comme un prince.) Certes, dis-je, je hais ladélation ; mais je ne puis m’empêcher de signaler à votre rude justice l’indigneconduite d’un de vos justiciables, le cocher qui mène le fiacre 6969.C’était pas plus tard qu’hier soir. Il pouvait être dans les dix heures, dix heures etdemie.Je sortais d’un théâtre où je m’étais terriblement rasé, bien résolu à ne plus yremettre les pieds avant deux ou trois ans.Sans plus tarder, nous nous rencontrâmes, pif à pif, une jeune femme et moi. Moi, vous savez qui je suis. La jeune femme, vous l’ignorez (quoiqu’avec lesfemmes on n’ai jamais que des quasi-certitudes à cet égard). Aussi, permettez-moide vous l’indiquer à grands traits.Je la connus alors que, toute jeunette, elle jouait des petits rôles aux Bouffes-Parisiens, direction Ugalde.À différentes reprises, elle consentit à m’accorder ses suprêmes faveurs. Bravepetite !Et d’une inconscience si exquise ! Laissez-moi à ce propos, mon cher Roudil, vousraconter un détail qui me revient en mémoire et qui n’a d’ailleurs aucun rapport,même lointain, avec ma réclamation ; mais la table n’est pas louée, n’est-ce pas ?Un soir, elle me dit sur un petit ton d’indignation :— Il y ...
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