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LaurenceHansen-Löve
DossierHEC-Lasociété
LAURENCEHANSEN-LÖVE
DOSSIERHEC:LASOCIÉTÉ
Sommaire
Introduction.............................................................................................................................. 2
I.ETUDIERLASOCIETE.............................................................................................................. 7
A.Leproblèmephilosophique 7
B.Ledébatépistémologique................................................................................................. 9
C.Lepointdevuedel’anthropologie................. 11
II.Sociétéetconditionhumaine............................. 13
A.Natureetsociété ............................................................................................................ 13
B.L’insociablesociabilité..... 17
III.Al’originedessociétés...... 19
A.Lessociétéspré-modernes............................................................................................. 19
B.Delasociétéàl’Etat........................................ 20
IV.Lesdifférentestypologiessociales.................................................... 22
A.Communautéetsociété:du«holisme»àl’individualisme.......... 22
B.Démocratieet«sociétédemasse»............................................... 26
V.Sociétésindustriellesetpostindustrielles ......................................... 29
A.lasociétéindustrielle...................................................................... 29
B.lessociétéspostindustrielles.......................................................... 31
VI.Mutationscontemporaines............................... 35
A.Lasociétééclatée............................................................................................................ 35
B.Sociétéetenvironnement 38
C.Lasociétépost-nationale................................................................................................ 41
Conclusion............................................................... 44
Glossaire. 46
Bibliographie........................................................................................... 48
Lasociété:sujetsdedissertation 49
1LaurenceHansen-Löve
DossierHEC-Lasociété
Introduction
Letermede«société»recouvreuneréalitéfamilièreetquinesemblepasdifficileà
définir.Admettons,enpremièreapproximation,qu’elledésigneun«groupementhumain
fondé sur une relation d’interdépendance fondamentale entre les individus». Tous les
observateurs-biologistes,sociologuesetanthropologues-s’accorderontsurlefaitquece
termenepeutvaloirquepourlesregroupementshumains,c’est-à-direrégisetstructurés
pardesrèglesd’ordreculturel,tandisquelessoi-disant«sociétésanimales»serontlaissées
decôté,carellessontd’uneautrenature.«Leslièvresetlesrenardsd’aujourd’huinesont
pasplusrusésqueceuxdutempspassés»observeLeibniz,soulignantainsiimplicitement
quel’évolutionestuntraitcaractéristiquedelacivilisationetdessociétéshumaines.Dansla
nature,aucontraire,toutserépète-àpeudechosesprès-àl’identique,iln’ya«riende
nouveausouslesoleil».Lepropred’unesociété-forcémenthumaine,donc–estson
dynamisme,saplasticité;larigiditédesstructuresanimaleslesélimineipsofactoduchamp
decetteétude.
Étudierlasociété
Ils’agittoutd’aborddedéterminerquelssontlesangleslespluspertinentspouraborder
l’étudedelasociété,oubiendessociétés.Danslapremièrepartiedecedossier(«Étudierla
société»),lesdifférentesapprochespossiblessontprésentéesetdissociées.Laphilosophie
poseleproblèmedelasociétésousunangleàlafoishistorique(quelleestl’originedela
société?),ontologique(qu’est-cequiestpremier,l’individuoubienlacommunauté?)et
politique(quelestlefondementdel’unitéd’unecité)?L’anthropologietented’établirla
raisond’êtredelavieensociétéenformulantdiverseshypothèsesconcernantlanécessité
des normes sociales. L’épistémologie (partie de la philosophie ayant trait à la science)
explicitelesdifficultéspropresauxsciencessociales.Touteapprochequiseveutrigoureuse
de la société se heurte donc au fameux obstacle commun à toutes les sciences dites
«humaines»: comment le sujet qui observe pourrait-il être en même temps l’objet
observé?LesociologueE.Durkheimaconsidéréqu’ilestpossibledetraiterles«faits
sociauxcommedeschoses»,tandisquesonhomologueDiltheyestimequelorsquel’on
étudiedesdonnéesd’ordrehumain,ilnepeutyavoird’explicationsansinterprétation.Quoi
qu’ilensoit,onconsidéreraiciquecesdifférentesapprochesnesontpasconcurrentes,mais
complémentaires(textes1à8).
2LaurenceHansen-Löve
DossierHEC-Lasociété
Sociétéetconditionhumaine
Cesonttoutd’abordlesphilosophesquionttraitélaquestiondelasociété.Lasociologie
et l’anthropologie s’enracinent en effet dans la philosophie, celle-ci ayant conçu les
prémisses de leurs investigations ultérieures. Mais, tandis que les sciences humaines
s’efforcentd’analyserdesfaits,laphilosophieaposélaquestiondudroit,interrogeant
essentiellementlelienentrelanaturedel’hommeetsaconditionsocialeou«politique».
PlatonetAristotesesontdemandéssileshommesétaientnaturellementsociables.Àla
suitedePlaton,etcommel’ensembledesesconcitoyens,Aristoteconsidèrequel’homme
estun«animalpolitique».«Politique»esticiunequalité,ouunecaractéristique,qui
distingue l’homme des autres animaux: on peut l’entendre au sens large, («qui vit
nécessairementensociété»)ouausensétroit:«quinepeuts’épanouirquedanslacité».
PourlesGrecs,cesdeuxinterprétationsserejoignent:lacitéesteneffetleseulcadredans
lequell’hommepeutétablirdesliensdurablesavecsessemblables.Ladivisiondutravail,la
coopérationsociale,lelangageetl’amitié(«philia»)sontlesconditionsdepossibilitéd’un
mondehumainendehorsduquell’individun’estqu’unanimalouunebrute.PourAristote,
commepourPlaton,pourlesGrecsengénéral,lacitéprécèdel’individu,elleestunedonnée
naturelledevantlaquellechaquehommedoits’inclinercarilluidoit,aufond,l’essentielde
sonhumanité(textes8à10).
Natureetsociété
Maisnousneraisonnonsplusainsiaujourd’hui.Rappelonstoutd’abordquelacitén’a
pastoujoursexisté,etqu’ellenecoïncideplusavecl’idéequenousnousfaisonsdela
société.Lacité,structurededimensionsréduites,constituaitl’organisationpolitique(de
polis,lacité)d’unecommunauté,c’est-à-dired’ungroupementdontlesmembressontliés
par des intérêts communs, mais aussi des traditions et des sentiments extrêmement
puissants.Lacommunautéétaitunefamilleélargie:ainsis’expliquesoncaractèrenaturel,
auxyeuxdesGrecs,etlerespectqu’elleleurinspire.C’estainsiquedansundialoguede
Platon,Criton,Socratecomparelapatrieàunemèresévèremaistendrementaimée.Maisla
citéavécu,ellealaissélaplaceauxempires,auxgrandesnationsetauxÉtatsmodernes.
Notreconceptiondelasociété,decefait,acomplètementchangé.La«société»(dulatin
socius, compagnon, associé, allié), n’est plus pour nous une communauté, mais une
associationartificielledanslaquellelesliensentrelesconcitoyenssontbeaucouppluslâches
qu’autrefois,pluséconomiquesquesentimentaux.Quantàlapolitique,ellenedésigneplus
uneorganisationspontanée,naturelledelasociété.L’Étatestdevenuprogressivementun
appareild’administrationetdegestiondel’économiequelesindividussereprésententbien
souvent-àtortouàraison-commeunsystèmed’oppression.(Textes11à17)
3LaurenceHansen-Löve
DossierHEC-Lasociété
«L’insociablesociabilité»
Les philosophes «modernes» ont anticipé cette mutation profonde de notre
représentationdelasociété.ÀpartirdeMachiaveletdeHobbes,lesthéoriciensnese
représentent plus la vie en société comme le prolongement naturel des aspirations
profondesdel’homme.Lasociétéleursembleplutôtreleverd’unenécessité,imposée(le
plussouvent),choisiedanslemeilleurdescas.DeHobbesàFreud,enpassantparSpinoza,
RousseauetKant,laplupar