Camenae n° 3 – novembre 2007 1 LA TRANSLATION METAPHORIQUE DANS LA POETIQUE DE LA PLEIADE Caroline TROTOT À la Renaissance, on sait qu'une translation peut désigner une métaphore. Les deux mots coexistent et illustrent un fonctionnement lexical typique de l'époque : à côté du terme translation, dérivé du latin translatio, émerge le mot « métaphore » tiré du grec. À côté du terme polysémique, le nouveau terme opère une sélection, une spécialisation. Il nous semble pourtant que la polysémie du mot translation reste à l'œuvre dans la façon dont on pense la métaphore et permet d'expliquer pourquoi cette figure occupe une place centrale dans la poétique de la Pléiade telle qu'elle émerge dans les années 1540 à 1560. En effet, la conceptualisation théorique place la notion de transfert au centre de la métaphore et cette théorie est elle-même transférée d'Aristote. Une telle vision permet à cette figure de jouer un rôle central dans une poétique qui peut être décrite comme une poétique de la translation. UN TRANSFERT ARISTOTELICIEN Le caractère primordial de cette figure apparaît le traité d'Antoine Fouquelin, La rhétorique française, publié en 1555 1 . Dans la conclusion de la partie consacrée aux tropes, Fouquelin écrit en effet : Mais si quelqu'un veut considérer la singularité et excellence des Tropes les uns avec les autres, la Métaphore pour la splendeur de sa signification, tiendra le premier rang 2 Fouquelin est un disciple de Ramus.
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