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GALERIE HISTORIQUE
V I
GABRIE L RICHARD
SUIfPICXHN
CURÉ ET SECOND FONDATEUR
DE LA
VILL E DK DÉTROI T
La Mémoire du P. Rasle vengée
PAR
N.-E . DIONNE, LL.D., M.S.R.C.
Professeur d'archéologie canadienne à l'Université I«aval
Bibliothécaire de la législature provinciale
QUÉBE C
TYP. LAFLAMME & PROULX
1911 GABRIEL RICHARD
Sulpicicn
Second fondateur de Détroit
LA MEMOIRE DU P. RASLE VENGEE INTRODUCTION
A Compagnie de Saint-Sulpice
fut amenée à diriger un es
saim de ses prêtres vers les
Etats-Unis à la vue des évé
nements graves que la Révo
lution française avait déjà
fait surgir dès l'année 1790. Le siège épiscopal
de Baltimore venait d'être établi, avec M" Car-
roll pour premier titulaire. Le 15 août, fête de
l'Assomption de la sainte Vierge, avait été fixé
pour sa consécration. Quelques jours plus tard,
la Compagnie constituée en assemblée générale,
sous la haute présidence de l'abbé Emery, son
illustre supérieur, avait décidé de fonder à [ VIII ]
Baltimore un séminaire destiné au recrutement
du clergé américain. Comme il était dans l'or
dre des choses possibles que la Compagnie fût
tôt ou tard obligé de se disperser, il était pru
dent pour la garantie de son avenir, de préparer
quelque part un asile sûr, dût-il n'être que tem
poraire, afin d'entretenir chez ses membres l'es
prit de leur vocation, et puis de permettre à
tous de revenir plus tard, s'il y avait lieu, re
prendre en France l'exercice de leurs fonctions.
M. Emery n'eut donc pas de difficultés à faire
accepter par ses confrères une résolution qui,
d'après toute prévision humaine, étant donnée
aussi la haute intervention du nouvel évêque de
Baltimore, devait aboutir aux plus heureux ré
sultats, c'est-à-dire servir l'Eglise dans un pays
lointain, en même temps sauver du naufrage
une société que le tourbillon révolutionnaire
pouvait détruire.
Mis au courant de ce qui venait de se passer
au sein de l'assemblée générale de la Compa
81gnie de Saint-Sulpice, M " Carroll n'hésita pas
un seul instant à accepter le secours providentiel [IX ]
qui s'offrait à lui. Un assez fort courant d'émi
gration française se portait vers les Etats-
Unis. La France chassait ses enfants, Souvent
les meilleurs ; ceux-ci fuyaient dans toutes les
directions de l'Europe. L'Amérique devait en
recueillir un nombre assez sérieux. Il impor
tait donc d'avoir des prêtres de leur nationalité
pour subvenir à leurs besoins spirituels. Dissé
minés un peu partout dans tous les coins de
l'unique diocèse alors existant, il leur faudrait,
dans un avenir prochain, compter sur un clergé
plus nombreux.
s rIl fut convenu entre M Carroll et la Com
pagnie que celle-ci enverrait aussitôt à Balti
more quatre de ses prêtres, qu'elle nourrirait et
entretiendrait pendant les deux premières an
nées, et que TEvêque, de son côté, leur ferait
donner une grande ferme dont l'exploitation,
après deux ans, suffirait à tous les besoins du
séminaire.
M. Emery choisit parmi ses confrères quatre
sujets qu'il jugea les plus propres à fonder le
séminaire de Baltimore. Son choix tomba sur l'abbé Nagot, qui fut nommé supérieur ; il lui
adjoignit l'abbé Tessier, professeur de théolo
gie morale au séminaire de Viviers, l'abbé Gar-
nîer, professeur de dogme au séminaire de
Lyon» et l'abbé Levadoux, directeur du sémi
naire de Limoges. Comme M. Emery désirait
avant tout conserver sans altération l'esprit de
sa Compagnie, il traça par écrit des avis qui
devaient être comme le complément aux con
stitutions de l'Ordre.
« Les prêtres de Saint-Sulpice, envoyés pour
fonder un séminaire à Baltimore, penseront, di
sait M. Emery, que ce séminaire est le premier
établissement de ce genre et sera pendant long
temps Tunique dans tous les Etats-Unis d'Amé
rique; qu'il s'agira, dans ce séminaire, de for
mer tous les ouvriers apostoliques que la Pro
vidence destine à affermir les catholiques dans
la foi, à ramener les hérétiques au sein de
l'Eglise, à porter la lumière de l'Evangile aux
sauvages, en un mot à faire régner Jésus-Christ
et son Eglise dans une partie du monde bien
plus étendue que l'Europe entière.