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LE TEXTE ÉTRANGER
Poétique de l’étranger # 5
Le texte étranger
Groupe de recherche de l’UPRES/EA 1569
Ecole Doctorale Pratiques et théories du sens
Département d’Études Littéraires Anglaises
Université de Paris 8
2, rue de la Liberté
93 526 Saint-Denis Cedex
http ://ipt.univ-paris8.fr/dela
Contact : Claire Joubert
(joubert.claire@wanadoo.fr)
LE TEXTE ÉTRANGER N° 5 • http ://julienas.ipt.univ-paris8.fr/dela/etranger.html
Le texte étranger est le groupe de recherche du Département
d’Etudes Littéraires Anglaises de Paris 8 – son laboratoire théorique
et pédagogique. Posant comme principe la nécessaire articulation
entre enseignement et recherche, sa réflexion, d’ordre
épistémologique, s’oriente autour des questions suivantes :
• qu’est-ce qu’enseigner la littérature anglaise ?
• qu’est-ce que faire de la recherche en « littérature anglaise » ?
• qu’est-ce que la « littérature étrangère » en tant que discipline
du savoir ?
En nous donnant pour problématique la question de l’étranger, nous
invitons à une réflexion qui porte sur des enjeux théoriques d’autant
plus insistants qu’ils sont aussi ceux qui agitent notre actualité –
que ce soit dans les bouleversements contemporains du concept de
nationalité ou dans les nouvelles dimensions multiculturelles des
mondialisations, avec leurs répercussions concrètes dans les
réformes de fond dont l’enseignement des langues fait l’objet en
France. En prenant la question depuis le point de vue du poème,
c’est la place singulière de la littérature étrangère dans la carte des
savoirs que nous cherchons à cultiver, comme poste d’exception à
partir duquel repenser non seulement le littéraire, mais aussi, avec
lui, le langage et la société.
*
L’année 2003-2004 ouvre un champ d’interrogation sur la
« traduction littéraire », orienté vers une poétique de la traduction.
Ce recueil rassemble la majeure partie des interventions présentées
lors de la journée d’étude « A zealous pilgrimage : traduire les
sonnets de Shakespeare », organisée par Patrick Hersant le 20 mars
2004 – interventions publiées en collaboration avec la revue
électronique Etudes Epistémè (www.etudes-espisteme.com), organe
du groupe Epistémè, Séminaire de recherches sur les modalités et
les méthodes d’accès à la connaissance (Littérature et civilisation,
XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles), de l’Université de Paris III.
Il inclut également les travaux du séminaire mensuel du Texte
étranger, et ceux de la journée d’étude consacrée à la présentation
des travaux des doctorants et de l’Atelier de poétique, séminaire de
doctorants attaché au groupe de recherche.
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LE TEXTE ÉTRANGER N° 5 • http ://julienas.ipt.univ-paris8.fr/dela/etranger.html
SOMMAIRE
1 – Journée d’étude « ‘A zealous pilgrimage’ : traduire les
Sonnets de Shakespeare »
Présentation .................................................................................... 5
Patrick Hersant
La version en vers des Sonnets de Shakespeare
par Ernest Lafond (1856) :
Défense de la poésie à l’âge de la prose........................................... 6
Line Cottegnies
Shakespeare en miroir : Pierre Jean Jouve......................................20
Patrick Hersant
Ungaretti et Shakespeare, le temps dévorant ................................30
Isabel Violante
Bonnefoy traducteur : à quoi bon encore des sonnets ? ................45
Bertrand Degott
*
2 – Travaux en séminaire : 2003-2003
T.S. Eliot ventriloque : l’étrangeté dans la voix...............................62
Daniel Jean
L’œuvre bilingue de Samuel Beckett :
un « entre-deux monstrueux » ? ....................................................69
Mireille Bousquet
Traduction et translation : le texte en voyage ...............................84
Marie-Dominique Garnier
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3 – Journée d’étude : Travaux des doctorants et de
l’Atelier de poétique
Aimez-vous les uns les autres :......................................................91
Hafida Aferyad
« faire un petit monde » : le mot et l’innommable
dans l’œuvre de S. Beckett ..........................................................101
Mireille Bousquet
Mallarmé en anglais :
« The Impressionists and Edouard Manet »...................................116
Isabella Checcaglini
« What you see is what you say » ................................................132
Isabelle Davy
La jeune fille, la mère, la mer latine :
Ecrire dans sa langue et dans l’autre à la Renaissance..................139
Étienne Dobenesque
Le « sentiment de la langue » ......................................................153
Chloé Laplantine
Index des numéros parus .............................................................179
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« A ZEALOUS PILGRIMAGE » :
TRADUIRE LES SONNETS DE SHAKESPEARE
Patrick Hersant
Ponctuant de son bâton un chemin mille fois foulé, le traducteur
des Sonnets est bien cet « ardent pèlerin » que mène la plus
partagée des passions solitaires. Peu de textes — la Bible
seulement ? — ont donné lieu à tant de traductions, en tant de
Elangues et si souvent reprises du XVII siècle à nos jours. Sans doute
se posera-t-on, avec Bonnefoy, la question : « Pourquoi les
traducteurs, j’entends les grands traducteurs, ceux dont les travaux
vont compter, s’attachent-ils à telle œuvre plutôt qu’à telle ou telle
autre ? Et pourquoi même le traduire — cette activité, le traduire —
en revient-il lui aussi à certains poèmes avec une remarquable
insistance, comme si ceux-là étaient davantage des sources que
1beaucoup d’autres ? » À ces interrogations, notre journée d’étude
du 27 mars 2004 apportera peut-être quelques éléments de
réponse. Nous avons accueilli ce jour-là, comme c’est la coutume au
Texte étranger, traducteurs et chercheurs d’horizons aussi divers
que possible ; furent ainsi mises en lumière, et sur la table du débat,
les traductions des Sonnets publiées par Letourneur, Ernest Lafond,
François-Victor Hugo, Paul Celan, Stefan George, Giuseppe Ungaretti,
Pierre Jean Jouve, Yves Bonnefoy et Robert Ellrodt — lequel nous fit
l’honneur et l’amitié de sa présence et de ses interventions
éclairées. Line Cottegnies, qui enseignait encore dans nos murs, a
proposé la publication conjointe (sur notre site et sur celui d’etudes-
episteme.com) des quatre interventions ci-dessous recueillies ; quel
plus beau témoignage de ce qu’un tel sujet — Shakespeare, traduire
Shakespeare — recoupe et confronte les préoccupations des dix-
septiémistes et celles du Texte étranger ?
1 Yves Bonnefoy, La Communauté des traducteurs, Strasbourg, 2000.
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LA VERSION EN VERS DES SONNETS DE SHAKESPEARE
PAR ERNEST LAFOND (1856) :
DÉFENSE DE LA POÉSIE À L’ÂGE DE LA PROSE
Line Cottegnies
Université de Paris III - Sorbonne Nouvelle
La période romantique s’intéresse peu à Shakespeare poète,
encore moins au « sonneur de sonnets », comme le nommera un de
1ses traducteurs tardifs, Alfred Copin . Les premières traductions de
ses œuvres ne comprennent généralement pas les poèmes, et il faut
attendre le milieu du XIXe siècle pour que ceux-ci y trouvent leur
place. Lorsque Pierre Letourneur fait paraître entre 1776 et 1783 la
première traduction des œuvres complètes de Shakespeare —
véritable év